La résistance aux antibiotiques est un problème majeur de santé publique. Une des stratégies pour limiter cette résistance est la limitation des durées de traitement. Dans la plupart des pathologies courantes prises en charge en ville, une durée de traitement antibiotique inférieur ou égale à 7 jours est suffisante. Une enquête régionale a été réalisée auprès d'officines, demandant aux pharmaciens et préparateurs de recueillir des données sur toutes les antibiothérapies délivrées pendant une semaine. L'objectif était de déterminer pour quelles indications des durées de traitement excessives étaient prescrites. L'objectif secondaire était de déterminer si le profil de patient (âge, sexe), avait une influence sur cette durée.

Une étude descriptive avec un recueil prospectif des données a été réalisée. Les données ont été recueillies grâce à un questionnaire en ligne disponible dans les officines. La diffusion de l'enquête a été réalisée grâce au réseau des URPS des pharmaciens et aux équipes multidisciplinaires en antibiothérapie (EMA) de la région. Des étudiants en 6ème année de pharmacie en filière officine de la région ont également participé à l'enquête. Les données suivantes ont été recueillies, de manière anonyme : âge, sexe, antibiotique prescrit, durée de traitement, voie, posologie, et indication si connue du pharmacien. Les traitements d'une durée supérieure à 7 jours, dont l'indication était renseignée, ont été analysés pour déterminer si les durées de prescriptions étaient excessives ou non.

Les résultats préliminaires au 07 février 2024 concernaient 1929 prescriptions. La durée des antibiothérapies prescrites était de 1 à 3 jours dans 10,6% des cas, de 4 à 5 jours dans 19,7% des cas, de 6 à 7 jours dans 50,1% des cas, de 7 jours à un mois dans 17,3% des cas, et supérieur à un mois dans 2,3% des cas. Parmi les traitements de plus de 7 jours, l'indication était connue dans 89% des cas (soit 337 prescriptions). 57% des prescriptions avaient une durée excessive, dans 46.9% pour traiter une infection respiratoire basse, 14,3% une infection bucco-dentaire et à 14,3% une infection cutanée ou de plaie. Dans 20,2% du total des prescriptions pour infection respiratoire basse, la durée prescrite était trop longue, ainsi que dans 25% de celles pour infection cutanée et de plaie. Le total des prescriptions de durée excessives augmentait avec l'âge : 7,8% pour les moins de 18 ans, 11,5% pour les 18 à 65 ans et 12,2% des prescriptions des plus de 65 ans. Bien que la durée moyenne des prescriptions antibiotiques soit plus courte chez les femmes (6,1 jours contre 7 jours chez l'homme), la proportion de traitements d'une durée excessive était la même.

Plus de la moitié des traitements antibiotiques délivrés en ville pour une durée supérieure à 7 jours ne respectaient pas les durées des recommandations. Le nombre total de traitements prescrits pour une durée trop longue peut avoir été sous-estimé car l'étude était ciblée sur les traitements de durée supérieur à 7 jours. Ce travail va permettre de cibler les messages du CRAtb et des EMA dans le but de sensibiliser les médecins généralistes à la limitation de la durée des antibiothérapies, en particulier dans les infections respiratoires basses.

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