Bon usage du Nirmatrelvir/Ritonavir et risque d'interactions médicamenteuses : analyse rétrospective des prescriptions à des patients hospitalisés dans un CHU - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
Le Paxlovid®, association de Nirmatrelvir (antiviral) et Ritonavir (booster, inhibiteur enzymatique) (NR), utilisé pour le traitement des infections à SARS-CoV2, présente de nombreuses interactions médicamenteuses (IM). Au moment de sa commercialisation, il a fait l'objet de diffusion de recommandations afin de prévenir le risque associé à ses interactions. Cette étude a pour objectif d'évaluer si ce risque a été suffisamment pris en compte lors de sa prescription dans notre établissement et le cas échéant, si cela avait entraîné un impact clinique pour le patient.
Matériels et méthodes |
Une analyse rétrospective des prescriptions de NR entre le 01/01/2023 et 31/12/2023 a été réalisée à partir des dispensations nominatives de la pharmacie, couplée au dossier patient informatisé (DPI) pour recenser les co-prescriptions.
Résultats |
Sur l'année 2023, 102 patients hospitalisés (âge moyen 74 ± 15,36 ans, min/max = 20/99 ans, médiane = 76,5 ans, sexe ratio H/F = 1,082) ont reçu du NR dans notre établissement. Ils présentaient au moins un facteur de risque défini par la HAS : néoplasie active, immunodépression, HTA, cardiopathie, BPCO.
L'analyse de l'impact du NR sur les co-prescriptions a montré que 58 patients (56%) présentaient au moins une interaction médicamenteuse dont 22 avec plus de 2 interactions. Les médicaments concernés étaient principalement les statines (n=17), la lévothyroxine (n=11), les AOD (n=8), puis l'amlodipine (n=8). Seules 31% (n=18) ont fait l'objet d'une modification durant la cure de NR.
S'agissant du degré de gravité des interactions, 6 étaient des contre-indications (CI) dont 4 ont été stoppées par un pharmacien, le reste des interactions correspondant à des associations déconseillées. Pour les deux médicaments CI poursuivis pendant la cure de NR, aucune conséquence clinique n'a été relevée dans le dossier patient.
Concernant les statines, 8 prescriptions (47%) ont été stoppées durant le traitement et parmi celles poursuivies, 1 patiente a présenté une perturbation significative des CPK à 500 UI/L mais sans incidence clinique ; une autre présentait une cytolyse hépatique avec cholestase sub-ictérique dont l'imputabilité de l'interaction a été discutée. S'agissant de la lévothyroxine, aucune modification des prescriptions n'a été effectuée.
Concernant les AOD, 3/8 ont été relayés par héparine, 1 a été réduit de 50 % de sa posologie habituelle, 4 n'ont pas été modifiés mais sans impact clinique relevé dans les dossiers.
Conclusion |
L'étude a permis de montrer que la diffusion des recommandations liées à la prescription de NR est insuffisante. Ce d'autant que la prescription concerne des patients âgés avec co-morbidités. Une attention particulière doit être portée sur les médicaments à usage cardiovasculaire dans ce contexte. Toute prescription de NR à l'hôpital fait désormais l'objet d'une dispensation nominative par la pharmacie avec analyse de l'ordonnance par des internes en pharmacie.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S46 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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