Recevoir un avis sans l'avoir sollicité pour une bactériémie : ingérence ou efficience ? - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
L'infectiologie est organisée sur un mode transversal avec 1,3 ETP d'infectiologue sur ce Centre Hospitalier de 723 lits au sein d'un Groupement Hospitalier Territorial (GHT) de 900 lits.
Un relevé quotidien (jours ouvrés) des hémocultures positives et un appel par l'infectiologue au clinicien en charge du patient est réalisé sur l'ensemble du GHT, attitude préalablement validée en Commission Médicale d'Etablissement. L'objectif était d'évaluer l'impact de la démarche proactive du binôme microbiologiste / infectiologue dans la prise en charge des bactériémies.
Matériels et méthodes |
Une étude prospective monocentrique a été réalisée sur 4 mois. Chaque hémoculture positive avec examen de Gram était appelée en premier lieu par le laboratoire puis, après échange avec le microbiologiste, par le médecin infectiologue au praticien en charge du patient. Différents éléments étaient recueillis : antibiothérapie (ATB) instaurée, contexte clinique, identification de la porte d'entrée, évaluation après intervention de l'infectiologue de l'instauration ou de la modification de l'ATB empirique, de l'adaptation germe-spectre et de la demande d'examens complémentaires.
Les antibiogrammes étaient réalisés à partir du flacon d'hémoculture positive 24heures/24 permettant d'avoir un phénotype de résistance de la bactérie dès 16heures d'incubation dans la majorité des cas.
Résultats |
Ont été inclus 297 épisodes de bactériémies ayant fait l'objet d'une expertise clinique et microbiologique. Cela représentait 199 patients. L'âge moyen était de 71,9 ans (0 – 103 ans).
L'infectiologue a instauré ou modifié le traitement empirique pour 136 patients (45,8%). L'adaptation germe-spectre a été réajustée pour 133 patients (44,8%). Il a été conseillé la réalisation d'examens complémentaires pour 132 patients (44,7%). Une évaluation clinique par l'infectiologue a été réalisée pour 10 patients. Enfin, dans 80,8% des cas (240 épisodes), les médecins n'auraient pas fait appel à un avis infectieux sans cette surveillance quotidienne.
Cette intervention, pouvant s'apparenter à de l'ingérence, était bien perçue par les cliniciens, qui semblaient apprécier ce regard extérieur et rassurés par cette surveillance systématique des bactériémies. Ce relevé permettait également de suivre des situations préoccupantes : bactériémies prolongées, germes atypiques ou multi-résistants et d'identifier des situations d'infections associées aux soins permettant un lien avec l'équipe opérationnelle d'hygiène.
Cette surveillance systématique des hémocultures positives a permis un regard d'infectiologue dans 297 épisodes de bactériémies sur 4 mois. Dans la majorité des cas, les médecins n'auraient pas sollicité d'avis spécialisé alors que cette démarche induisait une modification du traitement empirique et une adaptation germe-spectre. Cela était notamment intéressant pour sensibiliser les praticiens ne faisant pas appel à l'avis des infectiologues.
Conclusion |
Le relevé systématique des hémocultures par un binôme infectiologue/microbiologiste est un outil bénéfique dans une démarche proactive de bon usage des ATB.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S44 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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