Environ 15% des consommations d'antibiotiques en ville sont générées par des prescriptions hospitalières. Les indicateurs hospitalier de bon usage d'intègrent pas, à ce jour, cette dimension ambulatoire. Cette étude permettra d'évaluer la part d'antibiotiques ambulatoires prescrits aux urgences et d'en analyser la conformité vis-à-vis des recommandations de prise en charge.

L'étude était observationnelle multicentrique dans 15 services d'accueil des urgences (SAU). Les inclusions étaient effectuées un jour donné, répété 4 fois lors de la période d'étude de mai 2022 à avril 2023, prenant en compte la saisonnalité des infections. Etaient inclus les patients majeurs admis dans un SAU et rentrant à domicile sans hospitalisation. Le critère d'évaluation principal était l'adéquation aux recommandations locales des prescriptions d'antibiotiques (ATB). Cette adéquation était évaluée par un binôme infectiologue-urgentiste au sein de chaque centre d'étude selon deux critères : conformité de l'indication et conformité des modalités d'antibiothérapie (molécule, posologie, voie, durée).

Ont été recensés 8661 passages au SAU lors de l'étude (144 ± 2 par centre et par période). Parmi eux, 6260 (72,3 %) sont rentrés à domicile et ont été inclus dans l'étude. Le moyenne d'âge était de 45,9 ± 21 ans et la moitié étaient des femmes. Le taux de prescription d'ATB était de 7,5 % (n = 471 / 6260). Parmi les patients traités par ATB, 269 étaient des femmes (57,1 %), 18 étaient immunodéprimés (3,8 %). Le score de Charlson était de 0, 1 à 2 ou ≥ 5 dans 62,1 %, 20,5% et 8,3% des cas. Les antibiothérapies concernaient majoritairement une infection cutanée, urinaire, ORL ou pulmonaire (respectivement 34,8 %, 26,1 %, 18,7 % et 11,5 % des cas). Des monothérapies étaient prescrites pour 448 patients (95,7 %), la voie orale était privilégiée (96,6 %). L'ATB le plus prescrit était l'amoxicilline + acide clavulanique (49,1 %). Les prescripteurs étaient des internes dans un tiers des cas. L'indication à une antibiothérapie était adaptée dans 72,0 % des cas (44,7 à 100 % selon les centres). La conformité des modalités des prescriptions était adaptée dans 39,8 % des cas (12,5 à 67.9 %). Les causes de non-conformité étaient principalement la durée et le choix de la molécule (51,1 % et 62.1 % de conformité, respectivement). Les prescriptions étaient plus fréquemment conformes pour les infections urinaires (60,3%) que pour les autres sites infectieux (28,3 à 34,1 %). Seuls le type de centre (CHG vs. CHU) et le type d'infection étaient associés à un taux d'inadéquation supérieurs.

L'incidence des antibiothérapies pour des patients consultant au SAU et rentrant au domicile était estimé à 7,5%. Ces antibiothérapies sont majoritairement jugées conforme dans leur indication mais ne respectent les recommandations dans leurs modalités que dans moins de la moitié des cas. Cette étude permettra de mettre en place des plans d'actions locaux, principalement orientés sur les durées de traitements et les infections respiratoires ou digestives.

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