Bon usage des fluoroquinolones à l'hôpital : analyse de la pertinence de leurs prescriptions et de la prise en compte des facteurs de risque liés aux patients dans le choix thérapeutique. Résultats d'une enquête multicentrique un jour donné. - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
Les fluoroquinolones (FQ) font l'objet de restrictions d'utilisation depuis 2018 suite à une réévaluation de leur rapport bénéfice/risque par l'EMA. Un rappel de ces restrictions a été diffusé par l'ANSM en 2023. L'objectif de ce travail est d'évaluer la pertinence des prescriptions de FQ et de déterminer si les facteurs de risques de toxicité (FDRTox) sont pris en compte lors du choix de l'antibiothérapie.
Matériels et méthodes |
Une enquête observationnelle multicentrique un jour donné des prescriptions de FQ a été menée en juillet 2023 dans 7 hôpitaux universitaires. Pour chaque patient hospitalisé recevant une FQ ces données ont été recueillies : caractéristiques du patient, molécule prescrite (posologie, durée, voie d'administration), l'indication et la documentation bactériologique. Les FDRTox sont définis par la présence de comorbidités cardiovasculaires ou neuropsychiatriques, ou de tendinopathie. La pertinence de la prescription a été évaluée sur plusieurs critères (indication, posologie, durée, association) par un infectiologue référent de chaque hôpital.
Résultats |
L'enquête a inclus 62 patients traités par FQ pour des infections ostéo-articulaires (n=21), urinaires (n=11) et pulmonaires (n=10). La prescription de FQ était sur documentation dans 52 cas, probabiliste dans 5 cas, orientée dans 4 cas et une fois en prophylaxie. La moyenne d'âge était de 66,2 ans (écart type 20). Au moins un FDRTox était retrouvé dans 2/3 des cas (40/62) bien que les prescriptions de FQ aient satisfait tous les critères de pertinence de prescription pour 65% des cas (40/62). Pour 27 cas de prescriptions pertinentes chez des patients avec FDRTox une alternative antibiotique était possible dans 52% (14/27) des cas. A l'opposé seules 3 prescriptions étaient jugées comme totalement non pertinentes. Au total, la prescription de FQ en milieu hospitalier était appropriée dans 1 cas sur 2 sans autre alternative. Pour l'autre moitié des prescriptions, l'utilisation des FQ auraient pu être évitée chez les patients avec FDRTox car des alternatives existaient.
Conclusion |
Cette enquête montre que les prescriptions de FQ en milieu hospitalier sont majoritairement pertinentes mais que les FDRTox sont insuffisamment pris en compte lors de la décision thérapeutique. Au vu de la place essentielle des FQ dans la prise en charge des infections complexes, un rappel des règles de prescription a été fait via la Commission des Anti Infectieux (COMAI) des établissements impliqués afin d'inciter à la recherche d'alternatives si possible. Toutefois 50% des prescriptions de FQ en milieu hospitalier chez des patients avec FDRTox n'ont pas d'alternative. Une veille active des prescriptions de FQ apparait nécessaire via l'informatisation des logiciels de prescription et la collaboration entre les équipes pharmaceutiques et d'infectiologie transversale pour assurer une surveillance optimisée de ces patients.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S42 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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