Le pharmacien officinal est un acteur essentiel de premier recours en soins primaires dont les missions de santé publique sont plus que jamais valorisées depuis la pandémie COVID, et dans un contexte de difficulté d'accès à une consultation médicale. Si la réalisation de tests rapides d'orientation diagnostique (TROD) angine ciblant le streptocoque A est possible en officine depuis 10 ans, seules 10% des officines d'Île-de-France (IDF) en avaient facturé au moins un en 2022. L'objectif de cette étude était d'analyser les leviers et les freins au déploiement des TROD angine dans les pharmacies d'IDF.

Un questionnaire en ligne a été diffusé à toutes les officines de la région via l'URPS (Union Régionale des professionnels de santé) pharmaciens IDF, relayé par l'assurance maladie, ainsi qu'aux coordonnateurs des CPTS (Communautés professionnelles territoriales de santé), à plusieurs groupes de pharmaciens sur des réseaux sociaux, et auprès du réseau du Centre Régional en Antibiothérapie récemment mis en place. La participation était volontaire et les réponses anonymisées. L'enquête comportait 41 questions autour de la pratique de TROD et le temps d'enquête était inférieur à 5 min. Tous les professionnels de santé travaillant dans les 3500 officines d'IDF pouvaient répondre entre le 10 juillet et le 10 octobre 2023.

Un total de 222 réponses a été obtenu, réparties dans les 8 départements de la région, provenant majoritairement de pharmaciens (92,4%, n=205). Parmi les répondants, 80,6% (n=179) indiquaient disposer de TROD angine à l'officine et 75,2% (n=167) en avoir déjà réalisé. Pour ces derniers, 95,8% (n=160) déclaraient avoir reçu une formation et 96,4% (n=161) considéraient disposer de locaux adaptés. Ils avaient alors réalisé le TROD à leur initiative après échange avec le patient (74,9%, n=125), sur ordonnance conditionnée (86,8%, n=145) ou à la demande du patient (73,1%, n=122). Pour les répondants n'ayant jamais réalisé de TROD angine, 33 (60%) déclaraient souhaiter en faire, car faisant partie des nouvelles missions du pharmacien (87,9%, n=29), contribuant à la maitrise de l'antibiorésistance (66,7%, n=22) ou fluidifiant la prise en charge des patients (51,5%, n=17). Les répondants ne souhaitant pas réaliser de TROD notaient le manque de temps (47,6%, n=10) et de rémunération (52,4%, n=11). Un total de 144 (64,9%) répondants était membre d'une CPTS mais seulement 23 (10,4%) avaient mis en place le protocole de coopération odynophagie dans leur officine et 64 (28,8%) indiquaient ne pas connaitre ce dernier. Enfin, les informations envoyées par les syndicats et celles figurant sur le site de l'ordre des pharmaciens étaient les principales consultées (93,7%, n=208 et 64,4%, n=143, respectivement).

Cette enquête sur 222 officinaux montre une volonté forte d'investissement dans les TROD angine. Les pharmaciens sont représentés dans les CPTS et sont des acteurs importants pour le Bon Usage Antibiotique. Toutefois, les protocoles de coopération semblent encore méconnus et leur suppression en 2024 devrait permettre l'accélération du déploiement du dispositif. Une nouvelle enquête serait alors pertinente.

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