Santé sexuelle, prévention diversifiée et réduction des risques en milieu carcéral : l'enquête nationale PRECAR - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
L'infection par le VIH, les hépatites virales et les infections sexuellement transmissibles sont fréquemment rencontrées en milieu carcéral et des enjeux spécifiques concernant la santé sexuelle et la réduction des risques y existent. Pourtant, malgré les recommandations nationales et internationales, les mesures de prévention et de réduction des risques semblent insuffisamment développées. Nous avons cherché à identifier les obstacles à leur déploiement.
Matériels et méthodes |
Une étude nationale en méthodes mixtes a été menée. Un questionnaire a été hétéro-administré aux unités de soins en milieu pénitentiaire (USMP) pour faire l'état des lieux des pratiques de l'année 2022 concernant la santé sexuelle et la prévention des risques infectieux. Des entretiens semi-dirigés auprès de soignants, d'associations et d'experts ainsi que des observations en établissements pénitentiaires ont été menés afin d'identifier les obstacles. Les données recueillies ont été décrites, analysées et mises en perspective avec celles d'une enquête similaire menée en 2010.
Résultats |
Près de la moitié (87/175) des USMP ont répondu au questionnaire, 16 entretiens ont été conduits et 10 établissements ont été visités.
Le niveau de mise en oeuvre des recommandations par les USMP était faible (score médian d'application des recommandations nationales de 4/9 et internationales de 2/8) et plus bas que lors de l'enquête de 2010, notamment concernant les interventions de prévention et la délivrance d'information. Le dépistage du VIH à l'entrée n'était réalisé que pour 45% des arrivants et la PCR Chlamydia/gonocoque pour 26%.Le rendu des résultats de dépistage était systématique dans 54% des USMP (47/87) et les TRODs étaient disponibles dans 30% des USMP (26/87).
Le recours au TPE et à la PrEP était marginal, respectivement 15 et 23 prescriptions en 2022 pour l'ensemble des USMP ayant répondu. En revanche, des programmes d'échange de seringues, inexistants en 2010, ont été pleinement développés dans 5 unités et partiellement dans 11 autres. Les recommandations nationales et internationales pour l'accès aux préservatifs étaient appliquées par moins d'un établissement sur 8 (respectivement 8% et 13%).
Les principaux obstacles identifiés étaient le manque de moyens et de formation, la surpopulation carcérale et les contraintes sécuritaires créant des obstacles logistiques et matériels. Ont aussi été relevés le manque de culture commune entre soignants et personnels pénitentiaires, la communication, les tabous et le manque de vision globale et systémique de la santé carcérale.
Conclusion |
Dans un contexte difficile matérialisé par la surpopulation carcérale, il semble difficile de garantir un accès à la prévention et aux soins pour l'ensemble des personnes emprisonnées. La situation des prisons nécessite de vraies politiques conjointes entre santé et pénitentiaire, à décliner en programmes permettant la participation effective des prisonniers dans une approche globale de leur santé.
Aucun lien d'intérêt
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S3-S4 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?