L'ajout d'un aminoside pour le traitement de l'urosepsis en réanimation ne diminue pas la mortalité : étude AMINURO - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
L'association d'une β-lactamine et d'un aminoside est actuellement recommandée pour le traitement probabiliste de l'urosepsis. Cependant, le niveau de preuve de l'efficacité de cette association pour réduire la mortalité reste faible. De plus, la néphrotoxicité est l'effet indésirable le plus fréquent des aminosides et l'insuffisance rénale aiguë est un facteur pronostique majeur dans le choc septique. L'objectif de cette étude était d'étudier l'impact d'un traitement antibiotique empirique comprenant des aminosides sur la survie et le pronostic rénal des patients admis en réanimation pour urosepsis.
Matériels et méthodes |
Nous avons mené une étude rétrospective multicentrique dans trois hôpitaux universitaires parisiens de janvier 2015 à mai 2022. Tous les patients âgés de plus de 18 ans admis en réanimation pour un urosepsis ont été inclus. Les données médicales ont été recueillies à partir des dossiers médicaux informatisés. Les patients ayant reçu au moins une dose d'aminoside dans le traitement probabiliste de l'urosepsis ont été comparés à ceux n'en ayant pas reçu, après ajustement selon un score de propension. Le critère de jugement principal était la mortalité 30 jours après l'admission en réanimation. Les critères de jugement secondaires étaient : l'absence de récupération rénale à J30 (définie comme une augmentation de la créatinémie de plus de 200 % par rapport à la créatinine de base), la nécessité d'une épuration extra-rénale (EER) dans les 30 jours, et la durée du séjour en réanimation. Les événements rénaux indésirables majeurs à J30 (MAKE30) ont également été évalués.
Résultats |
Au total, 580 patients (aminosides 444, pas d'aminoside 136) ont été inclus. 53,6 % étaient des hommes, 57,8 % étaient en choc septique et 57,9 % avaient une bactériémie associée. Le taux de mortalité était de 10,5 %. Une pondération par score de propension a permis d'obtenir deux groupes comparables de 91 patients, avec et sans aminosides. Aucune différence significative n'a été observée en termes de mortalité (HR=0,66 [0,351 ; 1,25], p=0,2) ou de durée de séjour en réanimation (HR=1,02 [0,842 ; 1,24], p=0,84). Toutefois, l'utilisation d'aminosides n'était pas associée à une moins bonne récupération rénale (75,3% vs 78.5%, p=0,54), à une nécessité accrue d'EER (74,9% vs 82,5%, p=0,14) ou à une différence du MAKE30 (75,4% vs 80.3%, p=0,24).
Conclusion |
L'addition d'un aminoside aux bêtalactamines n'augmentait pas la survie de l'urosepsis en réanimation. Cependant, l'utilisation des aminosides dans cette indication n'était pas associée à une augmentation de la toxicité rénale.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S28 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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