Les facteurs socio-démographiques sont-ils en France prédictifs de la prescription des antibiotiques en médecine de ville ? - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
La France est un des principaux consommateurs d'antibiotiques en Europe. La médecine générale est à l'origine de 75,5% des prescriptions antibiotiques en médecine de ville. La prescription antibiotique, au-delà des déterminants habituels, pourrait également avoir d'autres origines comme la facilité d'accès aux soins ou les caractéristiques socio-démographiques d'une population. L'objectif de ce travail est voir si des déterminants populationnels ou d'accès aux soins sont des facteurs associés à une forte prescription antibiotiques en France.
Matériels et méthodes |
Nous avons créé une base de données à partir des données en open source (Geodes, CartoSanté). Ont été recueillies par établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), les données suivantes : prescription d'antibiotique pour 1000 Habitants par an, population par tranche d'âge et globale, sexe, l'indicateur ministériel d'accessibilité potentielle localisée (APL) aux soins (plus le score est élevé plus l'accès aux soins est facile), le nombre et le taux d'ALD, la densité de médecin généraliste (MG) et la catégorie socio-professionnelle. Après une régression linéaire simple (variable expliquée : prescription d'antibiotique). Les données ont été analysées avec le logiciel STATA.
Résultats |
Les prescriptions pour 1000 habitants et par an sont de 878,49 (médiane 779,9, [524,06-1281,67]) pour les 1255 EPCI incluses dans l'étude (taux d'exhaustivité : 100%). En analyse univariée, une densité de MG élevée ( p<10-4), un taux ALD élevé (p<10-4), un score APL élevé (p<10-4) sont des variables significativement liées à une prescription antibiotique élevée. Les critères socio-démographiques suivants sont également associés à une prescription antibiotique élevée : population > 60 ans (p = 0.009) et le sexe féminin (p=0.03). Les agriculteurs sont associés à une moindre consommation antibiotique (p=0,003). Les artisans-commerçants (p=0,02), les ouvriers (p=0,03) et les retraités (p=0,004) sont quant à eux associés à un nombre de prescriptions plus élevés. A contrario, les CSP les plus élevées (cadres, profession intermédiaires) ne sont pas associées à une forte prescription antibiotique (respectivement p=0.21 et p=0.06).
Conclusion |
Cette étude univariée montre les facteurs associés à une prescription antibiotique avec une granulométrie fine (EPCI). Un modèle de régression multivariée est en cours de modélisation et sera finalisé dans les semaines à venir, permettant d'inclure d'autres variables en cours de consolidation. Un des enseignements de cette première analyse est que la prescription des antibiotiques est liée à la précarité sociale comme en témoignent le lien avec la densité de prescripteurs et l'indicateur APL d'accès aux soins : les populations ayant le moins d'accès aux soins ont moins recours aux antibiotiques que les autres posant ainsi la question soit de la perte de chance potentielle pour ces populations (en raison d'antibiothérapie justifiée non prescrite) soit du réel besoin en anti-infectieux. De plus, les CSP + sont moins à l'origine de prescriptions antibiotiques traduisant peut être, ce que les études en sciences sociales ont montré : une meilleure connaissance des déterminant de l'antibiorésistance et donc une moindre demande en anti-infectieux.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S25 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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