Dépistage de la bilharziose chez les migrants mineurs non accompagnés d'Afrique sub-saharienne. - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
En France, la bilharziose est l'objet d'une surveillance car à risque de réémergence. En Afrique sub-saharienne, la bilharziose, deuxième parasitose en fréquence, est néanmoins considérée comme une infection négligée selon l'OMS. Les migrants mineurs non accompagnés (MNA) provenant d‘Afrique subsaharienne sont pris en charge dans les centres de santé, CeGIDD, PASS et CLAT. Les données concernant la prévalence et la prise en charge de cette parasitose dans ce contexte restent néanmoins incomplètes.
Matériels et méthodes |
Il s'agit d'une étude prospective mono-centrique sur 2 mois 12/2023-01/2024 réalisée en CLAT. Le dépistage de la bilharziose était effectué par sérologie (Western blot) pour tous les MNA d'Afrique sub-saharienne, en dehors de tout symptôme. En cas de positivité, une recherche d'oeufs parasitaires dans les selles et les urines (urine x1 et selles x1) était systématiquement proposée et un traitement par praziquantel à 40 mg/kg en une prise, prescrit après obtention des prélèvements. Un consentement des MNA était obtenu pour tout dépistage et prélèvement de selles et d'urine.
Résultats |
Sur la période d'étude, 154 MNA ont été pris en charge. Parmi eux, 134 (87%) provenaient d'Afrique sub-saharienne et 130 ont accepté le dépistage pour la bilharziose. Parmi les 130 MNA dépistés, l'âge moyen était de 15,7 ans et le sex ratio H/F de 4,2. La sérologie de la bilharziose était positive pour 76 MNA (58%) majoritairement de sexe masculin, 49/76 soit 65%. L'origine des MNA à sérologie positive était principalement la Guinée 37/76 soit 49% et la Côte d'Ivoire 29/76 soit 38%. La séroprévalence des MNA selon leur pays d'origine (Guinée n=55, Cote d'Ivoire n=54, autres n=21) est pour la Guinée 67%, pour la Côte d'ivoire 54% et pour les autres pays 48%.
Au 9 février 2024, la recherche d'oeufs parasitaires a été réalisée chez 23 des 76 MNA avec une sérologie positive et positive pour 7/23 (30%) dont 5 Schistosomia haematobium, 1 S. mansoni et 1 S. haematobium + S.mansoni. Ces 23 MNA ont été traités par praziquantel. A cette date les MNA avec sérologie bilharziose positive et perdus de vue étaient de 28 (17 transférés dans un autre département et 11 ayant fugué et/ou reconnus majeur). Vingt-cinq MNA sont encore en attente de prise en charge.
Conclusion |
La séroprévalence de la bilharziose des MNA d'Afrique sub-saharienne est importante (58%). La prise en charge de ces jeunes est difficile pour trois raisons : 1/ l'absence d'outils de détection rapide de la bilharziose active 2/ l'absence de prise en charge consensuelle de cette parasitose en France 3/ la difficulté des MNA à s'inscrire dans un suivi médical du fait de leur précarité.
La surveillance de la bilharziose et son traitement pour les migrants d'Afrique sub-saharienne est nécessaire du fait de leur provenance d'une zone d'endémie et dans le cadre de la prévention des émergences.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S22-S23 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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