Épidémie de P. vivax en Guyane 2023-2024, une vague de sévérité ? - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
La situation épidémiologique du paludisme a évolué de manière remarquable depuis novembre 2023 en Guyane avec une très forte hausse des accès palustres autochtones. Ceux-ci ont atteints des niveaux qui n'avaient pas été observés depuis 2018, et sont principalement causés par Plasmodium vivax. Contrairement à P. falciparum, P. vivax n'est habituellement pas réputé pour sa sévérité, mais l'épidémie actuelle parait trancher avec cet adage. L'objectif principal de cette étude était d'estimer la sévérité des patients hospitalisés pour une infection à P. vivax. L'objectif secondaire était de décrire les principaux critères de gravité.
Matériels et méthodes |
Il s'agit d'une analyse descriptive, monocentrique, prospective. Un recueil de données clinico-biologiques de tous les patients hospitalisés pour infection à P. vivax au CH de Cayenne (CHC) entre le 01/10/2023 et le 31/01/2024, à partir des données recueillies par l'infirmière de santé publique, de manière systématique dans le cadre des déclarations obligatoires de paludisme.
Résultats |
Parmi les 378 diagnostics de paludisme identifiés en Guyane entre octobre 2023 et janvier 2024, 65 ont été hospitalisés (17%) dans 3 hôpitaux Guyanais (Cayenne, Kourou, Saint Laurent du Maroni) et 34 au CHC. Parmi ces derniers, le sex ratio était de 1, l'âge médian 37,8 ans (Q1-Q3 31-59 ; min-max 8-70), et la durée médiane d'hospitalisation était de 4 jours (Q1-Q3 3-6 ; min-max 2-44). Seize patients (47%) ont présenté au moins un facteur de gravité représentés en majorité par des ictères (7), des détresses respiratoires (6) et des collapsus circulatoires (4). Parmi les 34 patients hospitalisés, 5 ont nécessité un transfert en réanimation (15%), 8 patients ont reçu un traitement IV par ARTESUNATE contre 25 patients traités par ARTHEMETER-LUMEFANTRINE et 1 patient traité par ATOVAQUONE-PROGUANIL. Aucun décès n'a été constaté.
Conclusion |
Notre étude montre une fréquence inhabituelle des accès palustres graves à P. vivax hospitalisés, en Guyane en 2023-2024, avec 47 % présentant au moins un facteur de gravité, et 15% une hospitalisation en réanimation. Une étude plus large est en cours pour déterminer la fréquence des critères de gravité au sein de l'ensemble des infections à P. vivax prises en charge sur la période, incluant les autres CH, les centres de santé et les patients ambulatoires. Cette gravité inattendue justifie de sensibiliser les cliniciens à la recherche de critères de gravité et le traitement en conséquence, comme habituellement plutôt fait pour P. falciparum.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S21 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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