Analyse des bactériémies à Enterococcus spp. dans un centre hospitalier (CH) de 2017 à 2023 - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
Il y a peu de données sur l'épidémiologie des bactériémies à Enterococcus spp. dans la littérature. Cette étude a pour but d'analyser les caractéristiques des bactériémies à Enterococcus spp. dans un CH de 400 lits de MCO.
Matériels et méthodes |
Dans notre centre, les patients avec bactériémie/fongémie sont évalués par un infectiologue, qui collecte de manière prospective des données cliniques et microbiologiques et les insère dans une base de données anonymisée (logiciel Epidata). Les données des bactériémies à Enterococcus spp. (BE) sur la période du 01/05/17 au 31/12/23 ont été analysées.
Résultats |
Durant la période d'analyse, 284 BE étaient identifiées, représentant 8% des 3601 épisodes bactériémiques/fongémiques successifs. Les principales espèces étaient E. faecalis (n=177; 62%) et E. faecium (n=99; 35%; dont 79 souches résistantes à l'ampicilline). On notait une augmentation progressive du nombre annuel d'épisodes de BE, de 36 en 2018 à 54 en 2023. Parmi les épisodes, 31% étaient polymicrobiens (n=88), principalement associés à une bactériémie à entérobactérie (n= 64; 23%; dont 38 E. coli et 12 Klebsiella spp.), et dans 9 cas impliquaient plusieurs espèces d'Enterococcus spp. dans un même épisode bactériémique.
L'âge moyen était de 71,4 ±14,4 ans, le sex ratio H/F de 1,2, et le taux d'immunodépression de 67% (n=220), principalement diabète (n=103; 36%), néoplasie (n=92; 32%), traitement immunosuppresseur (n=51; 18%) et cirrhose (n=35; 12%).
Les portes d'entrée principales étaient digestives (n=129; 45%), urinaires (n=44; 15%), inconnues (n=41; 14%) et endocardites (n=22; 8%). La bactériémie était communautaire pour 151 patients (53%). Le taux d'antibiothérapie probabiliste instaurée lors de l'appel de la bactériémie était de 75% (n=214), avec une antibiothérapie efficace dans seulement 72/214 cas (34%). Une intervention infectiologique pour bilan et/ou adaptation thérapeutique était réalisée dans 68% des cas (n=192).
Le taux de sepsis était de 28% et de choc septique de 9%, avec un taux de mortalité à J7 et J30 de 9% (n=26) et 24% (n=67) respectivement.
En comparaison avec les bactériémies liées à d'autres microorganismes (n=3317), les BE étaient plus fréquemment polymicrobiennes (31% vs 10%; p<0,001), plus fréquemment d'origine digestive (45% vs 20%, p<0,001), et plus fréquemment associées aux soins (46% vs 35%; p<0,001), avec un taux global d'immunosuppression (67% vs 61%; p=0,045) et de néoplasie plus élevé (32% vs 24%; p<0,01). Le taux d'antibiothérapie efficace était plus bas (34% vs 80%; p<0,001) avec un taux d'intervention de l'infectiologue plus élevé (68% vs 48%; p<0,001). Le taux de sévérité clinique et de mortalité à J7 n'étaient pas statistiquement différents entre les 2 groupes, par contre le taux de mortalité à J30 était significativement plus élevé en cas de BE (24% vs 17%; p<0.01).
Conclusion |
Dans notre centre, les BE représentent 8% des épisodes bactériémiques/fongémiques. La proportion de E. faecium est importante (35%). Elles surviennent principalement chez des patients immunodéprimés, avec une porte d'entrée majoritairement digestive. Le taux d'antibiothérapie probabiliste efficace est très bas (34%), avec un taux d'intervention infectiologique et un taux de mortalité à J30 plus élevés que pour les autres germes.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S2 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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