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L'épidémie de VIH à Mayotte de 2019 à 2022 : un reflet des défis régionaux dans l'Océan Indien - 29/05/24

Doi : 10.1016/j.mmifmc.2024.04.039 
V. Eiferman 1, K. Abdelmoumen 2
1 Hôpital La Timone, Marseille, France 
2 CHU St Pierre, La Réunion, France 

Résumé

Introduction

Mayotte est le département le plus pauvre de France. En raison de sa situation géographique et de son histoire, ce territoire connaît une migration en provenance des îles voisines, notamment de l'archipel des Comores et de Madagascar, ainsi que de la région des d'Afrique des Grands Lacs. En 2022, une augmentation significative des cas de VIH pris en charge a été observée. Cette étude analyse l'évolution épidémiologique du VIH à Mayotte de 2019 à 2022, en mettant l'accent sur les nouveaux cas diagnostiqués, les facteurs de précarité sociale et le contrôle de la charge virale sous traitement.

Matériels et méthodes

Cette étude rétrospective reprend les patients diagnostiqués pour une infection VIH entre 2019 et 2022, suivis en infectiologie au Centre Hospitalier de Mamoudzou, Mayotte

Résultats

Entre 2019 et 2022, le nombre de nouvelles prises en charge pour une infection à VIH a presque doublé, passant de 66 en 2019 à 107 en 2022 dont 70% (194/276) étaient des nouveaux diagnostiques. La part de patients nouvellement diagnostiqués originaires de Madagascar a considérablement augmenté, passant de 25,6 % en 2019 à 45,3 % en 2022. Le nombre absolu de diagnostic chez les personnes originaires des Comores et de RDC a également augmenté. Les diagnostics pendant la grossesse, chez les travailleurs du sexe et les co-infections avec d'autres infections sexuellement transmissibles ont augmenté.

De nombreuses différences ont été observées dans les caractéristiques de la population en fonction du lieu de naissance ; notamment concernant le sexe, l'âge, les facteurs de risque spécifiques, la vulnérabilité, la gravité de l'infection et les parcours de soins. D'importantes disparités existent entre les migrants et la population française, avec plus de 20 % des migrants n'ayant pas accès à l'eau potable ni à l'électricité, 40 % en insécurité alimentaire et 60 % ayant un revenu inférieur à 160 euros par mois.

Le contrôle de la charge virale à M6 n'était que de 68,8% dans l'ensemble de la population. L'analyse univariée a montré plusieurs facteurs présentant une tendance à un risque accru d'échec du traitement à 6 mois, notamment le sexe féminin (p=0,067), être originaire de Madagascar (p=0,05) et être en situation irrégulière (p=0,069). En analyse multivariée, les seuls critères significatifs associé à l'échec étaient d'être l'âge jeune (p=0,028) et être diagnostiqué au stade SIDA (p=0,031), tandis qu'être traité par une association à base d'intégrase était un facteur protecteur (p=0,039).

Conclusion

Mayotte est désormais le département français présentant la plus forte incidence d'infection par le VIH. Cette augmentation est attribuée à une accélération de transmissions sur l'île, une migration sans soutien social adéquat et une offre de soins insuffisante. Il est essentiel de cibler les vulnérabilités, d'intensifier les efforts de prévention et d'élargir l'accès aux soins de santé pour contenir l'épidémie.

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