Facteurs associés à la survenue d'une bactériémie à E-BLSE en cours de neutropénie chimio-induite en hématologie - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
Au cours des neutropénies fébriles (NF), les bactériémies à entérobactéries productrices de BLSE (E-BLSE) sont associées à un mauvais pronostic. Identifier précocement les patients à risque constitue un enjeu thérapeutique majeur.
L'objectif de cette étude était de décrire les caractéristiques des premiers épisodes de bactériémie à entérobactérie au cours des NF, afin de déterminer l'impact pronostique et les facteurs associés à la survenue de bactériémie à E-BLSE.
Matériels et méthodes |
Nous avons réalisé une étude observationnelle multicentrique rétrospective, entre janvier 2015 et décembre 2022. Les patients inclus présentaient un premier épisode de bactériémie à entérobactérie en cours de NF après chimiothérapies d'induction, de consolidation, ou auto/allogreffe. Les données clinico-biologiques et pronostiques des patients avec E-BLSE étaient comparées à celles des patients avec entérobactérie non BLSE. La recherche des facteurs de risque a été réalisée par régression logistique.
Résultats |
Cinq cent soixante-quatorze patients ont présenté une bactériémie à entérobactérie, dont 74 à E-BLSE (12,9%). Ils étaient pris en charge pour leucémie aiguë (n=316, 55,1%), myélome (n=118, 20,6%) ou lymphome (n=98, 17,1%). La NF survenait dans les suites d'une chimiothérapie d'induction (n=157, 27,2%), de consolidation (n=109, 18,9%), d'autogreffe (n=209, 36,4%) ou d'allogreffe (n=100, 17,4%). La durée moyenne de NF était de 15,8 +/-10,4 jours.
Dans les bactériémies à E-BLSE, l'antibiothérapie probabiliste était plus fréquemment inadaptée (73% vs 10%, p<0,001). Elles étaient plus sévères avec plus de choc septique (16,2% vs 6,2%, p=0,007) et de transfert en réanimation (20,3% vs 10,6%, p=0,02), sans différence de mortalité à 30 jours (6,8% vs 4,2%, p=0,32).
En analyse multivariée, les facteurs associés aux bactériémies à E-BLSE étaient le portage et/ou une infection à E-BLSE dans les 6 mois (OR 23,6 [7,7 ; 83,9] p<0,001), l'exposition à une antibiothérapie large spectre dans les 30 jours (OR 2,6 [1,4 ; 5,1] p<0,01), l'existence d'une entérocolite et/ou mucite chimio-induite (OR 2,9 [1,3 ; 7,2] p<0,05). Les antibiothérapies reçues plus de 30 jours avant l'épisode de NF ne semblaient pas avoir d'impact sur le risque de bactériémie à E-BLSE, de même que la durée de l'antibiothérapie reçue dans les 30 jours (7,8j vs 9,2j, p=0,31).
La survenue d'une bactériémie au cours d'une antibiothérapie large spectre était associée à un surrisque de E-BLSE (OR 3,1 [1,6-5,8] p<0,001).
Conclusion |
La survenue d'une bactériémie à E-BLSE au cours de la NF en hématologie reste un enjeu thérapeutique important car fréquente (12,9%) et associée à un pronostic péjoratif avec 20,3% de passage en réanimation.
Les éléments devant faire discuter une adaptation du traitement probabiliste sont le portage et/ou une infection à E-BLSE dans les 6 mois, l'exposition à une antibiothérapie large spectre dans les 30 jours et la présence d'une entérocolite/mucite.
Un dépistage systématique des E-BLSE doit être discuté selon l'épidémiologie de chaque centre.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S18 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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