Enquête de pratique sur l'ECBU en un CHU : le 2ème jet n'est que rarement bien respecté, ce qui égare les choix antibiotiques - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
1er examen microbiologique en France entière, l'ECBU est un outil précieux de médecine personnalisée, déterminant pour le diagnostic et l'antibiothérapie ciblée, ceci sous réserve d'être bien prélévé et bien analysé. Le but fut d'engager un état des lieux des pratiques dans un CHU avant un plan d'action sur la base de constats ponctuels insatisfaisants.
Matériels et méthodes |
Constitution d'un groupe multidisciplinaire (infectiologie et bactériologie) et multiprofessionnel (médico-soignant) dont des binômes infirmier-technicien de laboratoire afin d'auditer les pratiques des soignants et des patients. Ciblage de 10 des 40 services : les 3 plus forts consommateurs d'ECBU et 7 reflétant les différentes disciplines et sites du CHU. Parallèlement « audits flash » au sein du laboratoire sur l'exploitabilité des prélèvements et le rendu au clinicien. Synthèse par une approche « SWOT » avant de dégager collégialement des priorités d'action.
Résultats |
Dynamique microbio-clinique très bénéfique, en particulier pour les soignants (IDE et technicien) ne connaissant pas bien « l'autre métier » et ses contraintes et ravis de la découverte de l'autre équipe. Audit de 118 infirmiers (IDE), 41 aides-soignants (AS) et 31 patients. Maintes faiblesses ("weakness" : W) : formation institutionnelle à l'ECBU pour seulement 18% des AS (versus 100% pour les IDE) ; 74% des IDE et 50% des AS réalisant parfois des ECBU sans prescription médicale ni délégation formalisée ; 50% des IDE et 90% des AS ignorant le rationnel du 1er jet ; 98% donnant des consignes pour la toilette urogénitale mais sans précision pour le 1er jet à éliminer ; 38% d'ECBU en doublon d'un jour à l'autre faute d'avoir vérifié dans le dossier informatisé avant de prélever et parfois aussi doublement analysés au laboratoire ; 42% des patients ne connaissant pas la raison de l'analyse, et 63% prélevant d'emblée leurs urines, les autres après un 1er jet le plus souvent de très faible volume; au laboratoire 36% d'ECBU rendus ininterprétables (multimicrobisme), d'où des errances diagnostiques (infection ou non) et thérapeutiques (pas d'aide pour adapter l'antibiothérapie) ; absence d'analyse des ECBU au laboratoire à flux tendu, avec stop les dimanches/jours fériés, ralentissant les adaptations même si l'ECBU a été bien prélevé. Des menaces ( "threats" : T) : « habitudes » très ancrées et transmises par les pairs ; 5000 agents à (re)former au total des médecins, IDE et AS, diplômés ou en cursus. Mais aussi des forces ("stenghts" : S) : très bon accueil des auditeurs ; perception très partagée que « l'ECBU est moins simple qu'il n'y parait » ; difficultés en tous services et au laboratoire aidant à une mobilisation collective. Et des opportunités ("opportunities" : O) : appui de l'institution, désormais démarche d'habilitation « officielle » des AS à ce geste.
Conclusion |
L'avant s'avère préoccupent, le CHU étant à l'ère 1.0 pour l'ECBU ! L'après est en chemin avec déjà la révision du protocole institutionnel et la réalisation de capsules vidéo pour les formations initiales et continues, soignantes et médicales. Reste à cibler des actions pour les usagers.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S153 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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