En France comme dans d'autres pays européens, l'adhésion à la vaccination a diminué dans les années 2000 dans le contexte de controverses autour de vaccins contre l'hépatite B ou la rougeole. Cette étude décrit l'évolution de l'adhésion vaccinale et de ses déterminants au sein de la population adulte française de 2000 à 2023.

Les données ont été collectées dans le cadre d'un dispositif d'enquêtes répétées (conduites entre 2000 et 2023 en France hexagonale). Une enquête a également été conduite dans les DROM en 2021. Les adultes francophones âgés de 18 à 75 ans ont été inclus suite à la sélection aléatoire de numéros de téléphones fixes et mobiles. Les participants étaient interrogés sur leur adhésion à la vaccination en général (réponses : très favorable, plutôt favorable, plutôt pas favorable, très défavorable, ne sait pas) et sur les vaccinations pour lesquelles ils étaient les plus défavorables. Les déterminants ont été étudiés par analyses uni et multivariées par régressions de Poisson sous Stata® 16.

La proportion de personnes qui ont répondu être « très favorable » ou « plutôt favorable » à la vaccination a diminué de 91,1% en 2000 à 61,2% en 2010, année qui a suivi la pandémie grippale à virus A(H1N1). En 2010, 41% des participants se déclaraient réticents au vaccin contre la grippe pandémique. L'adhésion vaccinale a de nouveau augmenté en 2014 (78,8%) puis a fluctué pour atteindre 74,2% en 2019. L'adhésion a augmenté de nouveau un peu avant l'émergence du SARS-CoV-2, (80,0% en 2020, 82,5% en 2021, 84,6% en 2022, 83,9% en 2023 (données provisoires)). Les avis « très favorables » (30,9% en 2022) étaient en diminution par rapport à ceux de 2020 (34,6%) et 2021 (37,3%). L'adhésion à la vaccination était nettement inférieure dans les DROM, interrogés en 2021, que dans l'hexagone.

Quelle que soit l'année, l'adhésion était supérieure chez les personnes avec les plus hauts revenus, ceux avec le plus haut niveau d'éducation et les individus vivant seuls. Depuis 2021, et pour la première fois, l'adhésion vaccinale a été supérieure pour les personnes de 45 ans et plus et les retraités. En 2021 et 2022, les vaccins contre la Covid-19 étaient ceux recueillant les plus forts taux de réticence (21% et 25%).

Si l'expérience de la pandémie grippale de 2010 avait conduit à un effondrement de l'adhésion à la vaccination en général, la crise liée à la Covid-19 s'est en revanche accompagnée par une poursuite de l'augmentation observée avant la crise sanitaire et notamment pour les personnes les plus âgées qui étaient les plus à risque pour la Covid-19. Cependant, l'adhésion reste marquée en France depuis plus de 20 ans par les inégalités sociales et territoriales de santé. L'amélioration des taux d'adhésion observée ces dernières années n'a pas permis de retrouver les niveaux des années 2000 et les données récentes montrent une tendance à l'élargissement du fossé économique et social.

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