Quelle antibiothérapie probabiliste pour les abcès cutanés en zone amazonienne ? Etude prospective unicentrique - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
En Amazonie, les conditions climatiques pourraient modifier les agents infectieux responsables des abcès cutanés, largement dominés par S. aureus en métropole. Dans notre institution, l'antibiothérapie probabiliste dans cette indication est l'amoxicilline-acide clavulanique sauf pour les morsures de serpents où piperacilline-tazobactam est préconisée.
Matériels et méthodes |
Il s'agit d'une étude prospective monocentrique du 01/01/2023 au 31/12/2023. Tous les patients hospitalisés en chirurgie pour mise à plat d'abcès documentés ont été inclus. Les éléments recueillis étaient : facteur déclenchant, localisation, documentation microbiologique. Les comparaisons ont été faites par un test du Chi-2 pour les variables catégorielles, un test de Student pour les variables continues et par une régression logistique en analyse multivariée (logiciel Stata).
Résultats |
Sur 114 patients inclus, 112 avaient un abcès avec une culture positive. Une antibiothérapie préalable à la chirurgie était administrée chez 42 (37%) patients. La moitié des abcès étaient localisés au membre supérieur (n=63, soit 56%), parmi lesquels 83% (52/63) étaient monomicrobiens (versus 51% (25/49) au membre inférieur, p=0,016). Un Cocci Gram positif (CGP) était identifié chez trois quart des patients (n=84), parmi lesquels 76% (n=64) de S. aureus sensible à la méticilline et 27% (n=23) de streptocoques majoritairement pyogenes. Un CGP était significativement associé à une localisation au membre supérieur (89% (56/63) versus 57% (28/49) au membre inférieur). Soixante-trois bacille Gram négatifs (BGN) ont été identifiés chez un tiers des patients (n=35), parmi lesquels les principaux BGN identifiés étaient une entérobactérie du groupe 3 (n=21), Aeromonas (n=17) et Pseudomonas (n=6). La présence d'un BGN était significativement associée à une localisation aux membres inférieurs (49% (24/49) versus 17% (11/63) concernant le membre supérieur, p<0,001). Aeromonas et entérobactéries du groupe 3 étaient significativement associés à une morsure de serpent (n=15 patients) (p=0,01 et p=0,007 respectivement). Les autres circonstances d'isolement d'un Aeromonas était une piqure de raie, un accident de pirogue, un embrochage par un bois immergé, une blessure par clou, une chute et deux accidents de la voie publique. Vingt-neuf % (33) des patients avaient au moins l'une des 3 bactéries (entérobactérie groupe 3, Aeromonas, ou Pseudomonas). En analyse multivariée, la localisation au membre inférieur (OR : 5 ; IC95% [1,6-14], p0,006) et la morsure de serpent (OR : 48 ; IC95% : [6-412), p<0,001), étaient significativement associées à ce groupe de 3 bactéries.
Conclusion |
Au vu de ces résultats, un abcès cutané secondaire à une morsure de serpent ou localisée au MI (surtout si souillure aquatique) pourrait être traité en probabiliste par sulfaméthoxazole + triméthoprime pour garder une efficacité sur les entérobactéries du groupe 3 et Aeromonas. Pour les cas sévères, le céfépime pourrait être utilisé (A. hydrophila n'ayant pas de breakpoint clinique sur le CA-SFM/EUCAST pour la piperacilline-tazobactam). L'amoxicilline-acide clavulanique peut être conservé pour les abcès localisés au MS.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S120 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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