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Cas d'angiostrongyloidose autochtone : une émergence? - 29/05/24

Doi : 10.1016/j.mmifmc.2024.04.320 
L. Balloy 1, M. Jacquart 1, F. Binois 2, L. Collet 3, N. Traversier 1, J. Daoudi 4
1 CHU La Réunion, Saint-Denis, France 
2 Groupe Hospitalier Est Réunion, Saint-Benoit, France 
3 Centre Hospitalier de Mayotte, Mamoudzou, France 
4 Santé Publique France, Saint-Denis, France 

Résumé

Introduction

L'angiostrongyloidose est une pathologie parasitaire tropicale rare, secondaire à une infection par un nématode, Angiostrongylus cantonensis. Elle se manifeste classiquement par une méningite à éosinophiles d'aggravation progressive dont l'issue est potentiellement fatale en l'absence de diagnostic et de traitement adapté. Aucun cas autochtone de cette infection n'avait été rapporté chez l'adulte à La Réunion, à l'inverse des autres DOM COM situés en zone tropicale.

Matériels et méthodes

Nous rapportons une série de 4 cas de neuro angiostrongyloidose diagnostiqués entre mai et juillet 2023 chez des patients adultes vivant tous dans le secteur Est de La Réunion.

Résultats

Pour tous, le tableau clinique fut typique avec à la ponction lombaire une méningite à éosinophiles. Les deux premiers cas, conjoints dans la vie, ont présenté une symptomatologie similaire à quelques jours d'intervalle. Aucun lien ne fut retrouvé avec les autres patients hormis une proximité géographique. Le diagnostic d'infection à Angiostrongylus cantonensis a été retenu pour 3 d'entre eux devant une PCR Angiostrongylus cantonensis positive dans le LCR (réalisé au Centre Hospitalier de Mayotte) et pour le 4ème devant une sérologie angiostrongyloidose positive dans le sang. Le traitement le plus souvent préconisé dans la littérature, associant une corticothérapie systémique à 1 mg/kg/jr associée dans un second temps à un traitement par albendazole 15 mg/kg/jr pendant 15 j fut prescrit à tous. L'évolution fut rapidement favorable pour 3 d'entre eux. Pour la quatrième patiente, âgée de 81 ans, elle fut fatale en raison d'une prise en charge diagnostique retardée par la pré existence de trouble cognitifs. Trois patients avaient séjourné à Madagascar, mais avec un retour plus de 2 mois avant le début des symptômes. Aucune notion de voyage n'a été retrouvée chez la quatrième patiente. Tous les cas furent donc considérés comme autochtones, au vu du délai d'incubation du parasite qui est généralement compris entre 1 et 3 semaines. Cette série de cas regroupés géographiquement et dans le temps (3 mois) déclencha un signalement aux autorités sanitaires afin de procéder à des investigations. L'hypothèse d'une origine alimentaire fut privilégiée. Cependant aucun mode de contamination habituel (escargots, crevettes d'eau douce) ne fut clairement mis en évidence.

Conclusion

Cette série illustre la possibilité de cas autochtones d'infection à Angiostrongylus cantonensis sur l'île de la Réunion chez l'adulte. De diagnostic complexe, cette infection est à évoquer en première intention devant un tableau de méningite à éosinophiles. Seule la biologie moléculaire spécifique, technique jusqu'à présent non disponible sur l'île, permet un diagnostic de certitude. La survenue récente de cette série de cas aura permis le développement de cet outil sur notre CHU afin de permettre des diagnostics ultérieurs plus rapide, ainsi qu'une surveillance épidémiologique locale. Un travail rétrospectif sur les méningites à éosinophiles est également en cours afin de déterminer si nous sommes face à une émergence ou à une pathologie sous diagnostiquée jusqu'à présent.

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