Cryptosporidioses, microsporidioses et autres parasitoses digestives, l'expérience du Centre National de Référence - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
Les protozooses digestives, cryptosporidiose, microsporidiose et giardiose sont responsables de diarrhées persistantes (>14 j), parfois sévères. Elles peuvent se compliquer de déshydratation, d'insuffisance rénale aiguë fonctionnelle et d'amaigrisement notamment chez les patients immunodéprimés (déficit immunitaire primitif et transplantés d'organe solide). La prise en charge de ces protozooses repose sur une stratégie mal codifiée du fait d'une part d'un arsenal thérapeutique limité et d'autre part de l'absence de recommandations.
Matériels et méthodes |
Nous rapportons l'expérience des réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP) hebdomadaires de novembre 2023 à janvier 2024 mises en place par le Centre National de Référence (CNR) cryptosporidiose, microsporidies et autres protozooses digestives (CMAP). Cette RCP regroupe des parasitologues, cliniciens infectiologues et néphrologues de Rouen, Dijon, Paris et Clermont-Ferrand.
Résultats |
En 3 mois, nous avons été sollicités pour 13 patients (7 cryptosporidioses, 3 giardioses, 3 microsporidioses). Les pathogènes responsables étaient : C. parvum (5), C. hominis (1), C. felis (1), Giardia duodenalis (3), Enterocytozoon bieneusi (3). Dix patients étaient immunodéprimés : 5 transplantés d'organes solides (4 reins, 1 poumon), 4 présentaient un déficit immunitaire primitif (3 DICV, 1 déficit en CD40L), 1 présentait une hémopathie (LAL type B en cours de traitement). Deux enfants présentaient une cryptosporidiose (7 ans, transplanté rénal ; 3,5 ans, LAL-B) et un 3ème une microsporidiose (16 ans, transplanté rénal). La moyenne d'âge des adultes était de 41±11 ans. Tous les patients présentaient une diarrhée et un amaigrissement. La perte de poids estimée était de 4,3 ± 3,9 kg (n=8). La durée des symptômes (délai entre l'apparition des symptômes et la demande d'avis au CNR) étaient en médiane de 2 [1-10,5] mois. Le CNR a été sollicité après un 1er échec thérapeutique dans 7/13 cas. Dans près de 11 cas sur 13, l'avis du CNR a permis une adaptation thérapeutique portant sur les posologies et l'utilisation de molécules non évoquées par les cliniciens. L'abstention thérapeutique a été proposée dans 2 cas. Les RCP ont également permis de préciser la stratégie de suivi parasitologique des patients pendant et après traitement.
Conclusion |
La réponse aux demandes d'avis concernant la prise en charge des patients atteints de protozooses digestives, parfois très sévères, fait partie des missions du CNR CMAP. Les RCP permettent d'orienter la prise en charge thérapeutique notamment en cas d'échec d'une 1ère ligne de traitement antiparasitaire. Les molécules antiparasitaires efficaces (nitazoxanide, paromomycine, dérivés nitro-imidazolés, quinacrine, fumagilline) sont peu connues des cliniciens car peu utilisées en pratique courante et justifient l'avis spécialisé d'une équipe pluridisciplinaire (posologies, adaptation à la fonction rénale et aux co-prescriptions des traitements immunosuppresseurs).
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S108-S109 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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