La diphtérie cutanée de 2018-2022 : une étude observationnelle, descriptive en France Métropolitaine - 29/05/24
Résumé |
Introduction |
La diphtérie voit son incidence augmenter dans les pays développés depuis une dizaine d'années particulièrement dans sa localisation cutanée. Une étude épidémiologique s'imposait en France.
Matériels et méthodes |
Etude rétrospective et descriptive nationale incluant les patients majeurs, vivant en métropole avec des prélèvements cutanés positifs à Corynebacterium du complexe diphtheriae (CCD) en culture ou PCR entre le 1er janvier 2018 et le 31 décembre 2022 adressés au centre national de référence des corynébactéries. Critères de jugements principaux : description épidémiologique, clinique, microbiologique et thérapeutique des diphtéries cutanées. Les critères de jugements secondaires étaient la vérification de la mise en application des recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP).
Résultats |
Sur les 132 prélèvements identifiés, 63 respectaient les critères d'inclusion et d'exclusion.
Epidémiologique : L'âge moyen de la population étudiée était de 53,8 ans (18-93ans) et 68,3% des patients étaient des hommes. Les principales comorbidités associées étaient l'hypertension, le diabète, et l'artériopathie des membres inférieurs. 56,7% avaient voyagé hors de France métropolitaine dans l'année précédant le diagnostic : 67,6% en Afrique, 23,5% en Asie. Les patients étaient identifiés vaccinés dans 44 % des cas.
Microbiologie : Le diagnostic était fortuit dans 82% des cas. Les espèces mises en évidence étaient : C. diphtheriae (77%) et C. ulcerans (23%). 39% des souches étaient tox+. Une co-infection de la lésion cutanée,avec au moins une autre espèce bactérienne a été identifiée dans 88,9% des cas : S. aureus (54,7%), S. pyogenes (49,1%).
Clinique : L'atteinte cutanée concernait majoritairement les membres inférieurs (86,9%), avec des lésions multiples dans 58,1% des cas, évoluait depuis plus de deux semaines dans 61,3% des cas, et correspondaient à des ulcérations dans 82%. L'aspect de pseudo-membrane n'a été observé que pour 4 patients. Dans 70% des cas, il existait une lésion préexistante au diagnostic de diphtérie cutanée.
Thérapeutique :17,5% des cliniciens n'ont pas tenu compte de la présence de la CCD. Six patients ont reçu une sérothérapie antidiphtérique. 47,6% n'ont pas eu de recherche de portage nasopharyngé et si positif :1/3 n'ont pas eu de recherche d'éradication à l'issue du traitement. Il n'y a pas eu de recherche de sujet contact dans 42,6% des cas.
Conclusion |
Ces données sont cohérentes avec les données de la littérature. Cette pathologie semble mal connue des cliniciens qui l'évoquent rarement devant des ulcérations chroniques au retour de voyage en zone d'endémie, d'où parfois le non-respect des recommandations du HCSP.
Les infections cutanées par des CCD, toxinogènes ou non, sont actuellement ré-émergentes dans les pays industrialisés après avoir quasiment disparu. La poursuite d'une surveillance épidémiologique, le renforcement de la couverture vaccinale dans les populations les plus à risque et une meilleure information des cliniciens sont restent nécessaire.
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Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 2S
P. S10 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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