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Impact de blaZ dans le traitement des endocardites infectieuses à Staphylococcus aureus sensible à la méticilline : une preuve clinique de l'effet inoculum. - 29/05/24

Doi : 10.1016/j.mmifmc.2024.04.003 
B. Jean 1, M. Crolle 1, P. Tattevin 2, A. Le bot 2, D. Luque Paz 2, F. Guerin 2, L. Armand 3, Y. Yazdanpanah 3, C. Massip 1, P. Delobel 1
1 CHU Purpan, Toulouse, France 
2 CHU Pontchaillou, Rennes, France 
3 CHU Bichat, Paris, France 

Résumé

Introduction

L'endocardite infectieuse (EI) à S. aureus est une infection grevée d'une lourde mortalité. En Europe, la résistance à la Méticilline est rare et la majorité des EI sont causées par S. aureus sensible à la Méticilline (SAMS). Les nouvelles recommandations de l'European Society of Cardiology publiées en août 2023 proposent la céfazoline (CFZ) ou les pénicillines anti-staphylococciques (PAS) en traitement de première intention. S. aureus est fréquemment porteur d'un gène appelé blaZ codant une bêtalactamase. Cependant, l'épidémiologie de blaZ est peu connue en France et l'influence de blaZ au cours d'une infection à inoculum élevé comme les EI a peu été étudiée. Dans ce travail, nous avons cherché premièrement à caractériser l'épidémiologie de blaZ en France. Ensuite, nous avons étudié l'influence de blaZ et l'impact de ses caractéristiques phénotypiques sur la survie au cours d'une EI à SAMS.

Matériels et méthodes

Cette étude rétrospective a inclus des patients de trois centres universitaires français, ayant présenté une EI certaine ou probable à SAMS sur la période de février 2016 à février 2022. Pour chaque souche, le gène blaZ a été séquencé. Sur le plan phénotypique, l'effet inoculum à la CFZ a été recherché et le diamètre d'inhibition de croissance autour du disque de pénicilline G a été mesuré. Nous avons séparé ces souches en trois classes : les souches ayant un diamètre < 11 mm, les souches ayant un diamètre [11-26[ mm et les souches ayant un diamètre ≥ 26 mm. Le critère de jugement principal était la survie à J30 de l'initiation du traitement. Le test du Log-rank a été utilisé pour comparer les courbes de survie jusqu'à J30.

Résultats

220 patients ont été analysés. Un tiers des patients ont reçu de la CFZ et deux tiers ont reçu des PAS. Seulement 73,7 % des souches étaient porteuses de blaZ. Il n'y a pas de différence significative de survie à J30 entre les patients traités par CFZ et ceux traités par PAS (81% vs 80%, p = 0,95). En revanche, la survie à J30 des patients porteurs d'une souche de SAMS blaZ- était significativement plus élevée que celle des patients porteurs d'une souche de SAMS blaZ+ (90% vs 76%, p = 0,028). L'effet inoculum à la CFZ n'influençait la survie à J30 que dans le groupe traité par CFZ (88 % vs 60 %, p = 0,015). Le diamètre d'inhibition autour du disque de pénicilline G était prédictif de la survie à J30 seulement dans le groupe traité par PAS avec 64% de survie dans le groupe "< 11 mm" vs 85% dans le groupe "[11-26[ mm" vs 92% dans le groupe "≥ 26 mm" (p = 0.0026).

Conclusion

Les EI à SAMS sont grevées d'une mortalité élevée quelle que soit la bêtalactamine utilisée. La présence de blaZ est un facteur de risque de mortalité majeur et ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques. D'une part, le choix thérapeutique semble pouvoir être déterminé par l'étude de la présence et des caractéristiques phénotypiques de blaZ. D'autre part, blaZ est absent dans un quart des cas d'EI et ces épisodes pourraient être traités par pénicilline G. Enfin, nous disposons d'inhibiteurs de blaZ et la question de leur ajout à une antibiothérapie par PAS ou CFZ semble pertinente.

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