Alors que la dysfonction érectile est un phénomène qui touche régulièrement un homme sur cinq en France, le sujet reste encore tabou puisque cette dysfonction met à mal un symbole de puissance et de virilité dans une société encore phallocentrée. Dans l’imaginaire collectif et personnel, elle peut être associée à la fragilité et à l’impuissance. Cette pathologie semble être d’autant plus tabou en milieu pénitentiaire ; milieu fermé au sein duquel les rapports sont régis par la loi du plus fort. Il n’en demeure pas moins que cette dysfonction peut entraîner un profond mal être chez le patient, sur le plan somatique et/ou psychique, de sorte qu’une prise en charge thérapeutique apparaît légitime ou nécessaire. Toutefois, cette légitimité semble compliquée, voire empêchée par le statut de détenu du patient. L’article a donc pour objectif principal de poser les fondements d’une réflexion éthique sur la prise en charge thérapeutique de la dysfonction érectile chez les patients détenus. Ce travail n’a ni vocation, ni prétention à apporter un contenu spécialisé sur telle ou telle discipline. Au contraire, il promeut une approche pluridisciplinaire à travers la philosophie, la médecine, l’histoire et le droit dans le but de mettre en exergue les différents freins à mettre en pratique ce type de prise en charge en milieu carcéral. Cependant, nous verrons qu’il est possible d’apporter des solutions à la fois sur le plan éthique et pratique, notamment au travers une procédure collégiale<!--.

In France, one man out of five suffers from erectile dysfunction. Yet it is still a taboo subject, because erectile dysfunction undermines the symbol of virility in our phallocentric society. In the collective imagination, erectile dysfunction is commonly associated with impotence and weakness.This pathology seems even more taboo in prison environment. Perhaps because it's a closed environment governed by the law of the strongest.The fact remains, however, that this dysfunction can lead to profound somatic and/or psychological uneasiness, so that therapeutic treatment appears legitimate or necessary. However this legitimacy is limited by the patient's status as a prisoner.This work has neither the vocation nor the pretention to provide specialized content on any particular discipline. On the contrary, it promotes a multidisciplinary approach based on philosophy, medicine, history and law. The main aim of this article is therefore to lay the foundations for an ethical reflection on the therapeutic management of convicts suffering from erectile dysfunction.