Les risques psychosociaux chez les doctorants - 19/05/24
Résumé |
En tant qu’infirmier de santé au travail, j’ai mené une étude sur les risques psychosociaux (RPS) chez les doctorants rémunérés par l’université où je travaille. Entre le 1er mars 2022 et le 31 mars 2023, j’ai reçu en entretien infirmier en santé au travail 87 doctorants provenant de laboratoires rattachés à la faculté des sciences (72 %) ou à la faculté sociétés et humanités (28 %) qui forment la population de cette étude. Lors des visites, environ un tiers des doctorants a exprimé une souffrance au travail. Ceux qui l’ont accepté ont été pris en charge par le médecin du travail ou orientés vers les psychologues du travail. Le terme de souffrance au travail est un terme utilisé par des psychologues, infirmiers ou médecins du travail suite aux recherches en psychodynamique. Les RPS sont les risques pour la santé psychique, physique et sociale, engendrés par les conditions de travail pouvant interagir avec le fonctionnement mental.
Dans un premier temps, j’ai effectué une observation clinique du travail à partir des entretiens infirmiers. Puis, j’ai proposé aux doctorants un questionnaire à choix multiples (QCM) qui se base sur les indicateurs des RPS : exigences de travail, charge émotionnelle, autonomie, relations au travail, conflits de valeurs, insécurité du travail. Trente-trois y ont répondu.
Les symptômes rapportés par les doctorants sont surtout l’angoisse, la dépression, l’anxiété ou encore les troubles du sommeil. Les facteurs de souffrance relèvent surtout de difficultés relationnelles, notamment avec les directeurs de thèse. Le deuxième facteur important concerne la charge de travail excessive, des délais insuffisants et une multiplicité des tâches simultanées. Des faits de harcèlement moral ou sexuel ont été évoqués. On peut noter qu’environ un doctorant sur cinq a nécessité une orientation immédiate vers le médecin du travail ou le psychologue. L’exploitation des QCM confirme ces observations. Elle souligne aussi l’incertitude sur l’avenir de 9 doctorants sur 10 et que les trois-quarts ressentent un stress chronique. Les défauts d’organisation du travail, le manque de reconnaissance et la compétitivité croissante dans la recherche sont parmi les facteurs qui ressortent, outre l’isolement et l’encadrement parfois inadéquat.
Cette étude met en évidence des mécanismes de génération de souffrance au travail pour la plupart cohérent avec les études précédentes ou internationales, malgré une puissance statistique faible, compensée par une approche clinique. L’intensification du travail est effectivement retrouvée et semble prendre aujourd’hui la première place devant le souci lié à la précarité.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Université, Doctorants, Risques psychosociaux, Souffrance au travail, Approche clinique et statistique
Plan
Vol 85 - N° 2-3
Article 102659- mai 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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