Le travail de la posture du médecin du travail permet un développement des pratiques pour parvenir avec plus d’habilité à faire améliorer les conditions de travail dans le but de la prévention des risques professionnels. L’objectif de ce travail est de décrire cette expérimentation de supervision en médecine du travail, d’en démontrer l’intérêt et d’ouvrir de nouvelles perspectives.

Le superviseur apporte son soutien à une pratique réflexive, encourage une pratique déontologique et permet le développement professionnel. La pratique médicale du médecin du travail est plus que jamais mise à rude épreuve au cœur du monde du travail. Déterminer les axes de travail a permis de comprendre les enjeux de la supervision et du métier de médecin du travail dans un contrat clair. Le cadre de travail de la supervision a été posé : une séance de travail d’une heure et demie par mois, en téléconférence, avec un document de fin de séance créé pour une évaluation qualitative.

Lors des séances, ont été abordés des cas cliniques individuels, une situation au sujet de son équipe et le cas d’un collectif de travail, ayant pu poser des questions au médecin du travail. Au fil des séances de supervision, celui-ci a pu prendre en compte d’autres aspects des situations, de manière systémique, globale et dynamique. La supervision permet aussi de comprendre les jeux d’acteurs et déjouer les manipulations, d’affiner ses compétences interpersonnelles, pour déployer un accompagnement plus affiné de cas complexes, et d’augmenter la créativité et la gestion des émotions au service d’une pratique médicale plus ajustée aux décisions en situation critique.

Le regard d’un non-médecin sur la pratique d’un médecin peut étonner mais le superviseur ne donne pas d’avis sur la pratique médicale : ce qui est travaillé dans les séances concerne le positionnement du médecin du travail dans sa relation avec les acteurs des entreprises avec des outils issus de ceux du coaching ou de la psychologie. Ces séances de supervision pourraient être collectives, sans se substituer aux réunions de médecins : l’intervention d’un superviseur permet de prendre en compte des éléments implicites du métier que, justement, les médecins entre eux n’explicitent plus, alors qu’il y a dans cet implicite des ressources ignorées.

Alors que les médecins du travail ont une pratique singulière de relations parfois difficiles dans le monde du travail, le regard d’un superviseur pour accompagner une pratique réflexive est un apport riche pour inventer de nouvelles pratiques au service de la prévention en milieu de travail. Ce projet pourrait à l’avenir être déployé en groupe de pairs, avec des internes ou pour des infirmières.