Les travailleurs saisonniers intra-UE forment une part importance de la main-d’œuvre dans de nombreux secteurs de l’économie européenne. L’ampleur de ce phénomène est toutefois difficile à saisir avec précision, dans la mesure où ces travailleurs ne font pas l’objet d’un recensement systématique par les organismes fournissant des statistiques à l’échelle de l’UE. En découle une seconde zone d’ombre ; celles des conditions de travail et de la qualité de vie des travailleurs saisonniers.

Une telle invisibilisation est d’autant plus problématiques que ces travailleurs font face à un avenir particulièrement incertain, non seulement vis-à-vis des risques professionnels auquel ils sont exposés mais également au regard de la précarité de leur horizon professionnel. Longues heures de travail, périodes de repos insuffisantes, heures supplémentaires excessives et parfois non rémunérées, les travailleurs saisonniers sont confrontés à des conditions de travail parfois proches de l’exploitation. Le manque d’information, de formation et de connaissances des lieux et des procédés de travail augmente la vulnérabilité des travailleurs saisonniers–qui peinent souvent à faire respecter leurs droits. À ceci se rajoute l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les restrictions de voyage et le risque de contracter la maladie.

Dans ce contexte, la présente communication vise à rassembler différentes sources de données nationales et académiques pour dresser les principales tendances et enjeux de santé et sécurité propres aux travailleurs saisonniers en Europe. L’analyse est focalisée sur la mobilité intra européenne dans trois secteurs clefs de l’économie européenne : l’agriculture, l’hébergement et la restauration. Les enjeux et perspectives spécifiques à ces différents secteurs seront également discutés, notamment en ce qui a trait aux répercussions du changement climatique, de la pandémie et de l’automatisation croissante de la main d’œuvre.