La prévention sanitaire dans les relations historiques entre santé–travail, santé publique et santé–industrie - 19/05/24
Résumé |
Depuis la fin du xixe siècle, deux grandes constellations, hygiène publique et santé–travail, poursuivent deux objectifs convergents : sauvegarder la santé de la population et protéger l’individu au travail contre des risques sanitaires ou accidentels. En cause, la volonté de réduire autant que possible ces risques dont la réalisation aléatoire peut contrarier l’activité ou la « marche du progrès ». Mais aussi le souci d’aménager un continuum de santé entre la sphère du travail et celle de la vie privée ou publique. Au-delà des glissements sémantiques survenus (de l’hygiène à la santé publique, des polices sanitaires à la sécurité sanitaire, de la prophylaxie à la prévention, etc.), il apparaît ainsi que la prévention sanitaire, dont la déclinaison par compétences et espaces investis n’a cessé de s’étendre avec le temps, est le dénominateur commun dans la durée de ces deux constellations. Dans son entièreté pour l’hygiène publique qui comportait depuis les années 1880 un volet sanitaire (salubrité des villes, alimentation en eau potable, assainissement, etc.) et un volet prophylactique (destiné à éviter l’éclosion et la propagation des épidémies) ; en partie seulement pour la santé au travail, dans le cadre du Code du travail. Cette communication se propose de revenir sur la construction institutionnelle et les caractères propres de ces deux constellations qui diffèrent certes mais se ressemblent aussi par leurs traits régaliens : polices sanitaires, gestion des crises sanitaires et des épidémies pour la première ; pouvoir coercitif de l’inspection du travail en matière d’hygiène et de sécurité pour la seconde. Elle voudrait aussi pointer les raisons administratives, statistiques, politiques et corporatives (opposition de la médecine libérale) pour lesquelles la prévention sanitaire n’est jamais parvenue à conquérir un statut à la hauteur de sa nécessité reconnue, en dépit de ses avancées précoces par rapport à une médecine curative restée longtemps impuissante. Avec deux hypothèses ciblées : (1°) la santé publique se serait constamment heurtée à la difficulté de coordonner les politiques sociales et sanitaires. Or celles-ci auraient très bien pu contribuer, dans le cadre d’une protection sociale globalisée, à décloisonner la prévention et la prise en charge de risques aux conséquences sociales souvent analogues (professionnels, industriels, technologiques, environnementaux) ; (2°) administrativement et juridiquement bornée, la constellation santé–travail n’a jamais vraiment pu coordonner les acteurs qui l’ont rejointe au fil du temps, ni su articuler de manière satisfaisante réparation (assurance) et prévention des risques professionnels, quand bien même des alternatives étaient possibles dès avant 1914.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Prévention sanitaire, Politiques sanitaires et sociales, Travail, Médecine, Hygiène publique
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Vol 85 - N° 2-3
Article 102262- mai 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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