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Conduites suicidaires de la personne âgée : état des connaissances - 26/04/24

Suicidal behaviors among the elderly: The state of knowledge

Doi : 10.1016/j.npg.2024.04.002 
S. Richard-Devantoy a, b, F. Jollant a, c, d, e, f,
a Institut de recherche en santé mentale Douglas, McGill Group for Suicide Studies (MGSS), université McGill, Montréal, Québec, Canada 
b Département de psychiatrie, CISSS des Laurentides, Saint-Jérôme, Québec, Canada 
c Faculté de médecine, université Paris-Saclay, Le Kremlin-Bicêtre, France 
d Service de psychiatrie, hôpital Bicêtre, APHP, Le Kremlin-Bicêtre, France 
e Service de psychiatrie, CHU de Nîmes, Nîmes, France 
f Equipe Moods, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP), Inserm, Le Kremlin-Bicêtre, France 

Auteur correspondant : Service de psychiatrie, CHU Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc, 94270 Le Kremlin-Bicêtre, France.Service de psychiatrie, CHU Bicêtre78, rue du Général-LeclercLe Kremlin-Bicêtre94270France
Sous presse. Épreuves corrigées par l'auteur. Disponible en ligne depuis le Friday 26 April 2024
Cet article a été publié dans un numéro de la revue, cliquez ici pour y accéder

Résumé

En France, près de 8500 personnes décèdent de suicide chaque année dont plus de 30 % ont plus de 65 ans alors que cette classe d’âge représente environ 20 % de la population générale. Les taux de suicide sont les plus élevés parmi les hommes de 75 ans et plus, atteignant 49,5 pour 100 000 habitants, bien supérieur au taux moyen qui est de 13,4. Les tentatives de suicide sont moins fréquentes que pour les populations plus jeunes, en partie en raison d’une plus forte létalité des gestes suicidaires. Entre 3 et 5 % des personnes de plus de 65 ans ont exprimé des idées suicidaires au cours de la dernière année. Outre l’âge et le sexe, les principaux facteurs de risque suicidaires sont la maladie mentale, notamment la dépression, les troubles anxieux et les addictions ; les troubles neurocognitifs en début d’évolution ; la maladie physique douloureuse et invalidante, ou au pronostic vital engagé ; l’isolement social ; des événements de vie récents difficiles notamment les conflits interpersonnels, les difficultés financières, le veuvage chez les hommes, les changements de domicile, les maltraitances familiales et institutionnelles. La crise suicidaire est un état fluctuant et temporaire, de durée variable et sémiologiquement polymorphe. La douleur psychique est au cœur de la crise suicidaire ; le désespoir, les ruminations et les troubles du sommeil sont des éléments fréquents de ce tableau clinique. Nous décrivons ici brièvement plusieurs modèles cliniques, psychologiques et neurocognitifs du processus suicidaire. Au niveau individuel, la prévention du suicide repose sur l’identification des idées suicidaires de manière bienveillante et sans jugement, en reconnaissant la souffrance du sujet ; la mobilisation de l’entourage et des soignants, et la disponibilité ; la restriction d’accès à tout moyen létal ; le traitement actif de la maladie mentale, notamment de la dépression, des troubles anxieux et des addictions ; et la réduction de la douleur physique. La France a mis en place depuis 2018 une stratégie nationale de prévention du suicide dont une des conséquences positives générales pourrait être la déstigmatisation, la fin de nombreuses idées reçues délétères et la mobilisation de nombreux acteurs au niveau des territoires autour de cette question. Le suicide de la personne âgée n’est pas une fatalité. Toutefois, la législation attendue sur les soins de fin de vie pourrait venir heurter la prévention du suicide des personnes âgées.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Summary

In France, almost 8500 people die by suicide every year, among whom over 30% are over 65, although this age group accounts for around 20% of the general population. Suicide rates are highest among men aged 75 and over, reaching 49.5 per 100,000 inhabitants, well above the average rate of 13.4. Suicide attempts among the elderly are less frequent than in younger populations, partly due to the greater lethality of the suicidal gestures in younger populations. Between 3 and 5% of people over 65 have expressed suicidal thoughts in the past year. In addition to age and gender, the main risk factors for suicide are mental illness, particularly depression, anxiety disorders and addictions; early-stage neurocognitive disorders; painful, incapacitating or life-threatening physical illness; social isolation; recent difficult life events, including interpersonal conflict, financial difficulties, widowhood among men, change of residence, and family and institutional maltreatment. The suicidal crisis is a fluctuating, temporary condition of variable duration and with a polymorphous semiology. Mental pain is central to the suicidal crisis; despair, ruminations and disturbed sleep are frequent features of this clinical syndrome. Here, we briefly describe several clinical, psychological, and neurocognitive models of the suicidal process. At individual level, suicide prevention is based on detecting suicidal ideation in a caring, non-judgmental way, acknowledging the subject's suffering, mobilizing the availability of the entourage and caregivers, restricting access to any lethal means, actively treating mental illness, particularly depression, anxiety disorders and addictions, and reducing physical pain. Since 2018, France has been implementing a national suicide prevention strategy. The possible positive consequences of this could include destigmatization, an end to many deleterious preconceived ideas and the mobilization of numerous actors in the field around this issue. Suicide among the elderly is preventable. However, the expected legislation on active end-of-life aid could come into conflict with the prevention of suicide among the elderly.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Sujet âgé, Conduite suicidaire, Crise suicidaire, Épidémiologie, Prise en charge

Keywords : Elderly, Suicidal behavior, Suicidal crisis, Epidemiology, Care


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