Cet article vise à démontrer l’actualité du concept de culpabilité dans la compréhension du syndrome dépressif, en particulier de la psychose mélancolique, dans les approches phénoménologique et psychanalytique de la psychopathologie, en particulier en mettant en comparaison les approches de la subjectivité et de l’existence chez Lacan et Heidegger.

À partir de l’analyse bibliographique et conceptuelle des notions de culpabilité et de mélancolie dans les traditions phénoménologique et psychanalytique, et à travers deux vignettes cliniques tirées de la littérature scientifique, nous mettons en lumière l’actualité du concept de culpabilité dans la compréhension de la psychose mélancolique.

Il existe un possible parallèle entre la psychanalyse lacanienne et la Daseinanalyse de Heidegger du concept de culpabilité. Elle peut être interprétée comme l’expression du rejet de l’inconscient, mais aussi de la projectualité existentielle plus propre au Dasein. Cela ouvre à plusieurs questions conceptuelles et méthodologiques aux niveaux théorique et clinique.

La culpabilité serait alors un indicateur clinique du rejet du sujet de l’inconscient, qui dans la psychose mélancolique se manifeste sous la forme d’une identification totalisante à l’objet-déchet, sans autres possibilités, sans « manque ». Dans la perspective de l’analyse existentielle, la culpabilité anormale du mélancolique pourrait donc être comprise en tant que forme de forclusion de l’Être.

La culpabilité en psychopathologie peut se décliner en fonction des conditions subjectives particulières observées en clinique. Dans le cas de la mélancolie, la culpabilité est l’indicateur de la stagnation du sujet par rapport à ses possibilités existentielles. L’inertie existentielle du mélancolique peut être interprétée comme une très actuelle ontologie du déchet.

This article aims to demonstrate the relevance of the concept of guilt in understanding the depressive syndrome, particularly in melancholic psychosis, in the phenomenological and psychoanalytic approaches to psychopathology. It does so by comparing Lacan's and Heidegger's approaches to subjectivity and existence.

Through a bibliographic and conceptual analysis of the notions of guilt and melancholy in the phenomenological and psychoanalytic traditions, and using two clinical vignettes from the scientific literature, we highlight the significance of the concept of guilt in understanding melancholic psychosis.

There is a possible parallel between Lacanian psychoanalysis and Heidegger's Daseinanalysis on the concept of guilt. It can be interpreted as the expression of the rejection of the unconscious but also as an expression of authentic existential projectuality of Dasein. This opens up several conceptual and methodological questions at the theoretical and clinical levels.

Guilt could then be a clinical indicator of the subject's rejection of the unconscious, which in melancholic psychosis manifests as a totalizing identification with the waste-object, without other existential possibilities, without “lack.” From the perspective of existential analysis, the abnormal guilt of the melancholic could thus be understood as a form of foreclosure of Being.

Guilt in psychopathology can vary depending on the specific subjective conditions observed in clinical settings. In the case of melancholy, guilt is an indicator of the stagnation of the subject in relation to their existential possibilities. The existential inertia of the melancholic can be interpreted as a very current ontology of waste.