La méningo-encéphalite herpétique (MEH) est une maladie rare mais grave conduisant la majorité des patients à être admis en médecine intensive réanimation (MIR). Il n'y a pas de données épidémiologiques récentes sur la MEH au niveau national en France. Cette étude avait pour objectifs de décrire l'incidence, les caractéristiques cliniques et le devenir des patients hospitalisés pour MEH en France.

Nous avons mené une étude de cohorte rétrospective sur tous les patients hospitalisés pour MEH en France entre 2015 et 2022 en utilisant les bases de données nationales hospitalières. Les cas de MEH ont été sélectionnés grâce à un algorithme CIM-10 validé sur deux centres français (valeur prédictive positive 82,2 %). L'incidence, les caractéristiques sociodémographiques et cliniques (comorbidités, comitialité, caractéristiques des séjours, soins de supports de réanimation) ont été décrites. La mortalité à court (séjour index) et à long (6 mois) termes a été rapportée, ainsi que les réhospitalisations dans les six mois.

Au total, 1425 patients avec une MEH ont été inclus sur la période (âge médian 67 [54-77] ans, ratio H/F 1,07), soit une incidence annuelle moyenne de 2,3 [2,1-2,5] pour 1 000 000 d'habitants. Une admission en MIR a été retrouvée pour 51,2 % des patients (n=730, âge médian et ratio H/F similaires pour les patients MIR/non-MIR), dont 59,0 % étaient ventilés mécaniquement. En MIR, la surveillance neurologique invasive (monitorage de pression intracrânienne et dérivation ventriculaire externe) ainsi que la neurochirurgie (craniectomie) étaient exceptionnelles. La mortalité globale au 1^er séjour était de 14,3 % (n=204), jusqu'à 17,9 % pour les patients MIR. A 6 mois, 10,1 % des survivants avaient eu au moins une réhospitalisation liée à la MEH ; 16,5 % de l'ensemble des patients étaient décédés (n=235), 20,8 % pour les patients ayant eu un séjour en MIR.

En France, l'incidence des hospitalisations pour MEH était de 2,3 pour 1000000 d'habitants avec 16,5 % de mortalité à 6 mois. La moitié des patients atteints de MEH ont été hospitalisés en MIR, soulignant le rôle essentiel des réanimateurs. Les bases de données médico-administratives nationales sont particulièrement fiables pour l'analyse épidémiologique de la MEH et pourraient donc être utilisées comme outil pour la surveillance de cette maladie rare.