Le risque suicidaire en lien avec le travail. Obstacles épistémologiques et institutionnels - 21/02/24
Suicide risk in relation to work. Epistemological and institutional obstacles
Cet article a été publié dans un numéro de la revue, cliquez ici pour y accéder
Résumé |
Les analyses factorielles du risque suicidaire présentes dans les études en santé au travail permettent d’orienter les grandes lignes des politiques publiques de prévention, mais elles restent très insuffisantes pour comprendre le phénomène du suicide. Elles peuvent également constituer un obstacle à une connaissance précise du risque suicidaire, notamment en réduisant systématiquement sa complexité par une répartition binaire entre facteurs de risques et facteurs de protection, et en produisant depuis des décennies des résultats contradictoires : les enquêtes sociologiques affirment le primat des déterminismes sociaux, les enquêtes psychiatriques constatent invariablement des causalités psychiatriques, les spécialistes du travail considèrent que tout vient de l’organisation et des conditions de travail, etc.
Ces enquêtes s’appuient sur des ensembles de facteurs de risque différents les uns des autres, tout en faisant valoir à chaque fois des validations empiriques en leur faveur. Pour rendre compte de ce paradoxe dans une perspective épistémologique, nous proposons d’être attentifs aux modalités de sélection et de définition des variables (nombre, registre, extension), à leur catégorisation, et rapidement également à l’« invisibilisation » d’autres indicateurs potentiels du risque suicidaire.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Summary |
Factor analyses of suicidal risk in occupational health studies are still inadequate for understanding the phenomenon of suicide. The epistemological and sometimes ideological presuppositions that underlie them are in fact often an obstacle to a better understanding of this phenomenon, and therefore to better prevention, notably by systematically reducing its complexity through a binary division between "risk factors" and "protective factors", and by regularly producing contradictory, or more often than not insignificant, results. This article examines the following aspects in particular: the frequent selection procedures and multiple variations in the definition and semantic scope of variables, which enable us to shift their meaning and extension at will; the categorization and aggregation of data, which expresses the way in which each discipline wishes to "slice up reality" according to one internal paradigm or another, and even according to each author; ad hoc shifts in the position of the cursor in the causal tree, making it possible to point to one putative determinism or another as a risk factor, while ignoring others. The parameters that can be used at all levels of constructing suicidal risk factors essentially make it possible to confirm the presuppositions of the studies that produce them, and this is undoubtedly the best predictor of the determinism that will be deemed essential, between this or that type of risk and the suicidal act.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Suicide, Agriculture, Facteurs de risque, Épistémologie, Épidémiologie
Keywords : Suicide, Agriculture, Risk factors, Epistemology, Epidemiology
Plan
Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?