Étude de la prévalence des fractures vertébrales ostéoporotiques par dépistage scanographique opportuniste dans une cohorte de patients atteints de pneumopathies interstitielles diffuses - 30/11/23

Résumé |
Introduction |
La corticothérapie et certaines pathologies respiratoires chroniques telles que la bronchopneumopathie chronique obstructive sont des facteurs de risque bien identifiés d’ostéoporose. Le dépistage opportuniste des fractures vertébrales (FV) ostéoporotiques est en plein essor. Les pneumopathies interstitielles diffuses (PID) constituent un groupe de pathologies hétérogènes dont certaines relèvent d’une corticothérapie systémique et d’autres pas, comme la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI). L’association entre PID et FV est mal connue. Ainsi, notre objectif principal était d’estimer sur les scanners thoraciques de patients suivis pour PID, la prévalence des FV. Notre objectif secondaire était d’évaluer la densité minérale osseuse (DMO) vertébrale en unité hounsfield (HU) associée à la présence de FV.
Matériels et méthodes |
Étude rétrospective monocentrique sur la cohorte prospective de PID COLIBRI du CHU de Nice (NCT057114787), menée de janvier 2012 à janvier 2023. Critère d’inclusion : patient majeur présentant une PID et un scanner thoracique disponible. Critères d’exclusion : PID sur sarcoïdose ou présence de métastases osseuses vertébrales. Diagnostic des FV : double lecture des 80 premiers scanners sur coupe sagittale après reconstruction multiplanaire (coefficient kappa de Cohen 0,91) puis simple lecture ; classification des FV selon le score de Genant. Mesure de la DMO en UH en coupe axiale sur T12.
Résultats |
Deux cent deux patients ont été inclus, d’âge moyen de 69,5 (±11,8) ans, dont 62,7 % d’hommes. Soixante-douze patients présentaient une FPI et 130 une PID non FPI. La durée d’évolution moyenne était de 1,91 (±2,30) ans. La prévalence des FV dans la cohorte était de 17,3 %. Les patients fracturés présentaient en moyenne 2 (±1,35) FV. Cinquante-cinq pour cent des FV étaient de grade 1, 24 % de grade 2, 21 % de grade 3 selon Genant. En analyse multivariée, seuls l’âge et un traitement par corticoïdes étaient statistiquement associés à la présence de fractures (p<0,05). La prévalence des FV était comparable entre le groupe FPI et non FPI (13,9 % et 19,2 %, p=0,34). La DMO moyenne était de 143 (±45,8) UH dans le groupe fracturé et de 96,4 (±27,9) UH dans le groupe non fracturé (p<0,01). Une DMO<110 UH était associée à la présence d’une FV avec une sensibilité de 0,69 et une spécificité de 0,79.
Discussion |
Dans cette population de PID à dominance masculine, la prévalence des FV apparaît supérieure à celle de la population générale masculine du même âge (17,3 % vs 5-10 %). La prévalence des FV entre les groupes FPI et non FPI était comparable, même si la corticothérapie apparaît comme facteur de risque majeur de FV. Ces résultats suggèrent que la PID pourrait être en soi un facteur de risque de FV ostéoporotiques. Le seuil de densité osseuse en UH associé à la présence de FV dans notre étude est en accord avec les données actuelles de la littérature.
Conclusion |
Ce travail estime pour la première fois une prévalence de FV élevée (17,3 %) dans une population de patients atteints de PID et détermine un seuil cohérent de DMO associé à la présence de FV, renforçant l’idée de l’intérêt d’un dépistage opportuniste scanographique de l’ostéoporose.
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Vol 90 - N° S1
P. A59 - décembre 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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