Délai diagnostique de l’arthrite juvénile idiopathique et son impact - 30/11/23
Résumé |
Introduction |
Les symptômes cliniques de l’arthrite juvénile idiopathique (AJI) sont très variables et sont communs à de multiples autres étiologies. Ce polymorphisme clinique peut parfois faire errer le diagnostic précoce et entraîner un retard diagnostique.
L’objectif de cette étude était d’évaluer le délai diagnostique de l’AJI et son impact sur la maladie en termes d’activité, d’handicap fonctionnel, de progression structurale, de stratégie thérapeutique, et d’apparition de manifestations extra-articulaires.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective, incluant des patients atteints d’AJI selon les critères d’ILAR 2001, suivis dans un service de rhumatologie–pédiatrique. Les caractéristiques épidémiologiques et cliniques relatives à l’AJI ont été recueillies à partir du dossier (forme clinique, délai diagnostique, activité, complications, manifestations extra-articulaires, traitements). Les patients étaient répartis en deux groupes selon que ce délai était inférieur (G1) ou supérieur (G2) à 6mois. Un seuil de signification a été fixé pour un p<0,05.
Résultats |
Au total, le travail a porté sur 60 patients, suivis pour AJI. L’âge moyen était de 12±3ans [4–22], avec une prédominance masculine : 33 garçons (55 %) et 27 filles (45 %). L’âge de début moyen était de 9+/3ans [2–15]. La distribution des sous-types d’AJI était comme suit : arthrite en rapport avec une enthésite (ERA) (48 %), oligoarthrite (26 %), polyarthrite avec facteur rhumatoïde (8 %), polyarthrite à facteur rhumatoïde négatif (6 %), arthrite psoriasique (8 %), arthrite systémique (4 %). Le principal mode de début était le début mono-articulaire (29,8 %), suivi par le début oligo-articulaire (27,7 %), rachialgies (25 %), et poly-articulaire (14,9 %). Le délai moyen de diagnostic était de 6 (6,9) mois [0–24]. Cinquante-six pour cent patients avaient un diagnostic en moins de 6 mois par rapport au début des symptômes. Huit pour cent des cas étudiés avaient des manifestations extra-articulaire, qui étaient dominées principalement par le psoriasis et l’uvéite (6,7 % et 4,4 % respectivement). Dans 24,5 % des cas, l’AJI était compliquée de coxite. Nos patients étaient sous csDMARDs dans 40,8 %, sous AINS dans 68 %, le principal AINS reçus était l’Apranax (71 %). Seulement 13 % des patients ont eu recours à la biothérapie et uniquement 18,3 % des cas ont bénéficié d’une infiltration articulaire. Il y avait une association statiquement significative entre le délai diagnostique et certains paramètres témoignant d’une forte activité persistante : le nombre d’articulations tuméfiées (p=0,04), EVA douleur (p=0,027). Il n’y avait pas d’association significative entre le délai diagnostique et les différents scores d’activité : JADAS (p=0,29), ASDAS (CRP) (p=0,054), BASDAI (p=0,236). De même, on n’a pas noté une association entre le délai diagnostique et la présence de destructions articulaires (p=0,6), la non-réponse aux csDMARDs (p=0,1), le recours aux infiltrations (p=0,4) ou la présence de manifestations extra-articulaire (p=0,49). Cependant, une association statiquement significative était observée entre le délai diagnostique et la présence de complications à type de coxite (p=0,023).
Conclusion |
Le diagnostic d’AJI étant un diagnostic d’exclusion, l’élimination d’une panoplie d’autres étiologies pourrait retarder le délai de diagnostic positif. Selon notre étude, ce retard peut majorer le risque de persistance d’une activité élevée de la maladie ainsi que le risque d’apparition de coxite.
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Vol 90 - N° S1
P. A47 - décembre 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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