Le retard de prise en charge des infections ostéoarticulaires complexes - 30/11/23

Résumé |
Introduction |
Le pronostic des infections ostéoarticulaires n’est pas bon avec des taux de décès compris entre 10 et 25 % dans les 2 ans suivant la prise en charge, des rechutes fréquentes, des séquelles fonctionnelles chez un patient sur deux. Si les comorbidités, fréquentes chez ces patients, expliquent une partie de ces décès, une prise en charge médicale et chirurgicale incomplète et retardée pourrait aussi expliquer l’évolution défavorable. L’objectif de ce travail était d’identifier les défauts de prise en charge, afin de proposer des solutions correctives ultérieures.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude de cohorte, monocentrique, descriptive, portant sur 448 patients, suivi en moyenne pendant 870jours (2 ans et 4 mois) après la prise en charge pluridisciplinaire d’une infection ostéoarticulaire. Tous les patients disposent d’un dossier standardisé permettant de décrire les caractéristiques des patients, de leur l’infection, de leurs explorations et des traitements. La population comporte 165 femmes et 283 hommes, âge moyen 67,1 ans, traités pour une infection sur articulation native (n=73), prothèse (n=226) ou ostéosynthèse (n=149). L’infection est de survenue précoce dans les 30jours suivant une chirurgie orthopédique chez 61 patients.
Résultats |
L’étude analytique des dossiers montrent des écarts importants par rapport à la prise en charge souhaitable: absence d’hémocultures chez 34,8 % des patients, délai de réalisation des prélèvements locaux supérieur à 7jours chez 153 patients (34,2 %) et supérieur à 28jours chez 74 patients (16,5 %). Le non-respect de l’avis pluridisciplinaire est observé dans 13,6 % des cas. Le délai de démarrage de l’antibiothérapie est supérieur à 7jours chez 242 patients (54 %), supérieur à 28jours chez 125 patients (27,9 %), supérieur à 60jours chez 81 patients (18,1 %). Les patients présentant une infection tardive sont pris en charge avec du retard tant pour l’antibiothérapie (92,2jours) que pour la chirurgie curative de l’infection (105,3jours), par rapport aux patients avec une infection post opératoire précoce (respectivement 18,3 et 38,9jours). L’analyse en analyse logistique multivariée montre que les facteurs associés à un retard de prise en charge sont le sexe féminin (RR=1,73 p=0,04) et le caractère tardif de l’infection (RR=4,45 p<0,001). Les facteurs associés à une prise en charge antibiotique plus rapide sont le nombre de comorbidités (RR=0,70, p=0,003) et la présence de signes inflammatoires locaux (RR=0,37 p<0,01). Enfin, le taux de décès à 2 ans est de 15,4 % dans les infections précoces et de 25,7 % dans les infections tardives.
Conclusion |
Cette étude monocentrique portant sur près de 450 patients traités, de façon pluridisciplinaire dans un Centre de Référence, montre bien les progrès possibles pour la prise en charge de ces infections dont le pronostic est encore défavorable : pratique plus systématique des hémocultures, réduction des délais pour la réalisation des prélèvements locaux, de la chirurgie curative et de l’antibiothérapie. Les patients présentant une infection tardive survenant à distance de l’acte chirurgical initial (souvent moins symptomatiques) sont moins bien pris en charge, ce qui pourrait expliquer les divergences pronostiques et un excès de mortalité. L’analyse multivariée suggère aussi que le sexe féminin est associé à un traitement plus tardif de l’infection, résultat déjà observé pour le recours à la chirurgie prothétique dans le contexte de l’arthrose.
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Vol 90 - N° S1
P. A37-A38 - décembre 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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