Influence de la prière islamique sur les enthèses chez les sujets sains - 30/11/23

Résumé |
Introduction |
La prière islamique est une pratique qui mêle dimension spirituelle et activité physique, pratiquée quotidiennement à divers moments de la journée. Cette pratique implique, à chaque cycle de prière (rakaa), plusieurs gestes distincts, tels que la flexion du tronc, des genoux et des chevilles avec un appui sur les genoux, ainsi qu’une flexion des coudes et une extension des poignets. L’objectif de cette étude était de rechercher l’effet de la prière sur les enthèses chez les sujets sains asymptomatiques.
Patients et méthodes |
Nous avons mené une étude transversale ayant inclus des sujets qui ne présentent pas une pathologie qui pourrait atteindre les enthèses (rhumatisme inflammatoire chronique, goutte, psoriasis). Pour chaque sujet, nous avons collecté les données sociodémographiques et les données concernant la pratique de prière islamique (nombre de rakaa par jour, durée de rakaa en minutes [min]).
Nous avons effectué pour chaque sujet une échographie des enthèses des membres supérieurs (tendon du supra-épineux, tricipital et l’épicondyle latéral) et inférieurs (tendon quadricipital, insertions proximale et distale du tendon patellaire, tendon calcanéen et aponévrose plantaire) à la recherche d’anomalies du tendon à son insertion osseuse (aspect hypoéchogène, épaississement, perte de l’aspect fibrillaire, bursite ou signal doppler) et d’anomalies structurales (érosion, irrégularité de la corticale osseuse, calcification ou enthésophyte).
Résultats |
Notre étude a inclus 37 sujets dont 21,6 % de femmes. L’âge moyen était de 44,7±12 ans. Les patients pratiquant régulièrement la prière représentaient 68 %. Ils priaient depuis en moyenne 20,9±16,1 ans avec un nombre moyen de 19±4 rakaa par jour. La durée moyenne de chaque rakaa était de 1,4±1min soit une durée de prière quotidienne moyenne de 27,2±21,7min par jour. L’échographie des enthèses a permis de déceler une atteinte structurale dans 43,2 % des cas dans l’insertion du tendon quadricipital, 8,1 % dans l’insertion proximale du tendon patellaire, 13,5 % dans son insertion distale, 64,9 % dans l’enthèse calcanéenne, 21,6 % dans l’insertion de l’aponévrose plantaire, 24,3 % dans l’insertion de tendon tricipital et de l’épicondyle latéral et 2,7 % dans l’insertion du tendon du supra-épineux.
Une atteinte structurale de l’enthèse du tendon calcanéen a été plus fréquemment constatée chez les patients qui pratiquaient la prière (odds ratio [OR]=4,43 ; p=0,041 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95 %] [1–19,27]), notamment la calcification de cette enthèse (OR=16,9 ; p=0,01 ; IC95 % [0,9–318,2]).
D’autre part, la pratique de prière était associée aux calcifications enthésitiques dans une des enthèses évaluées (OR=5,1 ; p=0,025, IC95 % [1,16–22,68]) et d’épaississement de l’insertion de l’aponévrose plantaire (OR=5,25 ; p=0,029 ; IC95 % [1,1–24,9)].
Conclusion |
Notre étude a montré que la pratique de prière islamique pourrait être responsable d’une enthésopathie de l’enthèse calcanéenne et de l’aponévrose plantaire.
L’interprétation de données échographiques des enthèses calcanéenne et de l’aponévrose plantaire doit être prudente chez les pratiquants de la prière islamique. En effet, ces anomalies peuvent être dus à l’hypersollicitation mécanique des enthèses par la mobilisation des articulations adjacentes occasionnant une force de traction sur les enthèses [1 ].
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Vol 90 - N° S1
P. A333 - décembre 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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