Les chutes chez les personnes âgées représentent un problème de santé majeur dans le monde entier, avec des conséquences graves en termes de morbidité et de mortalité. L’importance du chaussage dans la stabilité et la prévention des chutes a été largement étudiée, mais les preuves disponibles sont souvent fragmentaires et hétérogènes. Cette étude vise à explorer l’impact du choix de chaussures sur le risque de chute chez les sujets âgés.

Une étude transversale a été menée au sein d’un service de rhumatologie sur une période de deux mois. Des individus volontaires âgés de plus de 60 ans ont été inclus dans notre étude et répartis en deux groupes en fonction de la présence ou non d’un antécédent de chute spontanée de leur propre hauteur au cours de la dernière année (12 mois précédents). Nous avons collecté des données concernant le type de chaussures couramment portées par les participants, ainsi que leur modèle spécifique. Chaque paire de chaussures de nos participants a fait l’objet d’un examen minutieux, prenant en considération des aspects tels que la hauteur et le type de talon, la présence d’une plateforme et la composition de la tige.

Soixante-treize participants ont été inclus, parmi lesquels 42 n’avaient pas eu d’antécédent de chute (87,2 %) au cours des 12 mois précédents. L’âge moyen des participants était de 66,89±6 ans. Les participants ayant un antécédent de chute ont manifesté une nette préférence pour les mules par rapport au groupe des participants n’ayant pas un ATCD de chute, avec une différence statistiquement significative (p=0,03). En ce qui concerne la hauteur du talon, aucune différence statistiquement significative n’a été observée entre les deux groupes (p=0,6). Cependant, l’utilisation de chaussures à plateforme était sensiblement plus répandue chez les participants ayant un antécédent de chute, avec une différence statistiquement significative (p<0,001). De plus, l’usure prématurée de la semelle était significativement plus fréquente chez les participants ayant fait des chutes (p=0,02). Le port de chaussures dotées de semelles souples était plus fréquent chez dans le groupe des participants ayant un antécédent de chute par rapport à l’autre groupe, qui privilégiaient les semelles rigides (25 contre 10, p=0,04). L’analyse de régression logistique multiple a révélé que la présence d’une tige rigide (p<0,001) et l’usure prématurée de la semelle (p=0,03) étaient des facteurs indépendamment associés à un risque accru de chute au sein de notre population étudiée.

Ces résultats soulignent l’importance des caractéristiques des chaussures dans la prévention des chutes chez les personnes âgées. Ils mettent en évidence la nécessité de prendre en compte ces facteurs lors du choix de chaussures pour cette population âgée, dans le but de réduire le risque de chute et d’optimiser leur sécurité.