Les troubles musculosquelettiques, en particulier ceux des membres supérieurs (TMS-MS) constituent un problème de santé au travail chez les enseignants.

Identifier les déterminants de ces affections chez les enseignants du primaire.

Il s’agit d’une étude transversale sur 4 mois, menée en 2021 auprès des enseignants des écoles primaires publiques dans une ville du gouvernorat de Monastir. La collecte des données a été effectuée lors d’une interview directe avec les participants. Les données socioprofessionnelles ont été recueillies. Le questionnaire de style nordique a été utilisé pour l’évaluation de la santé musculosquelettique. Le Job Content questionnaire a été utilisé pour étudier les risques psychosociaux au travail et l’échelle de Carlson a été adoptée pour l’étude de l’interface travail–famille chez les participants.

Notre échantillon a été composé de 213 enseignants âgés entre 25 et 60 ans et ayant une ancienneté professionnelle moyenne de 20,8±9,7 ans. Parmi les enseignants, 52,5 % d’entre eux se sont plaints de TMS-MS durant les 12 derniers mois. Les facteurs significativement associés aux TMS-MS chez la population d’étude ont été le bas âge de ses enfants (p=0,04), le tabagisme (p=0,04), le port de charges lourdes (p=0,02), la rapidité dans l’exécution des tâches professionnelles (p=0,01), les postures contraignantes (p=0,03) des épaules, la station debout prolongée (p=0,003), la variabilité du rythme de travail (p=0,025), le nombre d’élèves/classe (p=0,03) et le vécu d’un conflit travail–famille (p=0,005). Selon l’analyse multivariée, le risque de TMS-MS a été multiplié d’un facteur de 3,5 chez les tabagiques (p=0,023 ; OR=3,57 ; IC95 %=[1,2–10,7]), d’un facteur de 1,6 par la présence d’un conflit travail–famille (p=0,006 ; OR=1,69 ; IC95 %=[1,1–2,4]) et d’un facteur de 1,5 par une ancienneté professionnelle>10 ans (p=0,004 ; OR=1,5 ; IC95 %=[1,01–1,09]).

Les TMS-MS sont des pathologies multifactorielles à forte composante professionnelle. Au travail, les enseignants peuvent être soumis à des contraintes physiques et psychiques, incriminées dans la genèse, le maintien et l’aggravation de ces affections. L’utilisation d’un ordinateur, la vérification des notes, l’écriture au tableau… sont autant de tâches qui sollicitent souvent les membres supérieurs. En outre, le défaut de conciliation entre leurs obligations professionnelles et familiales, accentue le risque de ces troubles via le stress et les tensions auxquels ils sont confrontés.

La prévalence assez élevée des TMS-MS et leurs répercussions négatives aussi bien sur la santé des enseignants que sur la qualité de l’enseignement des élèves, justifient la mise en place d’une démarche préventive adéquate qui prend en considération le caractère plurifactoriel de ces affections et les caractéristiques du métier.