L’une des préoccupations qui a émergé avec l’essor du télétravail est l’ascension de la prévalence des troubles musculosquelettiques (TMS). L’objectif de notre étude était de déterminer la prévalence des TMS au cours du télétravail ainsi que leurs facteurs favorisants, et de comparer ces résultats par rapport au travail en entreprise.

Il s’agit d’une étude transversale incluant des personnes pratiquant du télétravail, ayant accepté de répondre anonymement à un questionnaire en ligne relatif au télétravail comparé au travail en entreprise. La prévalence des TMS était évaluée par le questionnaire Nordique.

Cinquante-huit personnes dont 27 femmes et 31 hommes, âgés en moyenne de 33 ans [21–55] ont été incluses dans l’étude. La durée moyenne de travail au sein de leurs entreprises était de 6 ans [1–17] versus la durée moyenne de télétravail était de 10 mois [1–36]. L’horaire de travail était réparti comme suit : 7,5 heures par jour [1–12] de travail en entreprise versus 6,97 heures par jour [1–10] en télétravail ; totalisant en moyenne 4 jours par semaine [1–6] de travail à l’entreprise versus 3 jours par semaine [1–5] de télétravail. Concernant les pauses, le nombre moyen de pauses par jour était de 3 [0–5] à l’entreprise versus 3 [0–6] en télétravail avec un temps estimé en moyenne à 58 minutes [0–120] et à 35 minutes [0–120]. Trente-trois personnes ont déclaré que leur entreprise ne leur fournissait aucun dispositif de télétravail (une chaise de bureau dédiée, un bureau dédié, un clavier, une souris…). La prévalence globale des TMS était de 63,8 % au cours du travail en entreprise versus 48,3 % au cours du télétravail. Les personnes qui pratiquaient du sport étaient de 25 (43,1 %) au cours du travail en entreprise et de 22 (37,9 %) au cours de télétravail. En décortiquant ces TMS par régions anatomiques, on note que les atteintes du rachis cervicale, du rachis dorsal, des épaules, des coudes, des poignets et mains et des hanches étaient plus importantes pendant le travail en entreprise par rapport au télétravail (respectivement 63 % vs 48 % ; 62 % vs 48 % ; 53 % vs 31 % ; 17 % vs 12 % ; 36 % vs 27 % et 17 % vs 6 %). Cependant, les travailleurs avaient déclaré une augmentation des plaintes du rachis lombaire, des genoux et des chevilles pendant le télétravail (respectivement 14 % vs 46 % ; 12 % vs 14 % et 1 % vs 5 %). Au cours du télétravail, la présence de TMS était significativement liée au nombre de jours travaillés par semaine (p=0,033, r=0,136) mais inversement corrélée à la pratique du sport (p=0,045, r=0,01). La survenue de TMS n’était pas corrélée à l’âge (p=0,159), au nombre de pauses par jour (p=0,210), au niveau de stress perçu (p=0,09), au degré de satisfaction des travailleurs (p=0,391) et aux dispositifs fournis par l’entreprise au travailleurs pour assurer le télétravail (p=0,711).

Notre étude souligne la fréquence des TMS aussi bien durant le travail à l’entreprise qu’au télétravail. Les facteurs liés à leur survenue étaient le nombre d’heures élevés de télétravail par jours, l’absence de dispositifs ergonomiques adéquats et la non pratique du sport. D’autres études doivent être conduites afin de mieux caractériser les facteurs incriminés dans leur survenue.