La brucellose ostéoarticulaire : expérience d’un service de médecine interne - 30/11/23

Résumé |
Introduction |
La brucellose est l’anthropozoonose la plus répandue dans les pays méditerranéens. En Tunisie, la brucellose humaine sévit à l’état endémique et pose encore un problème de la santé publique. Sa forme focalisée est dominée par les atteintes ostéoarticulaires, intéressant 20 à 40 % des cas. L’objectif de cette étude est de déterminer les particularités épidémiocliniques, thérapeutiques et évolutives de la brucellose ostéoarticulaire dans un milieu de médecine interne.
Patients et méthodes |
Étude rétrospective menée dans un service de médecine interne durant la période allant de 1996–2023. Nous avons colligé 15 patients ayant une brucellose. Les patients présentant une forme ostéoarticulaire ont été inclus dans cette étude.
Résultats |
Parmi une série de 15 cas de brucellose, l’atteinte ostéoarticulaire était retenue chez 9 patients (60 %). Il s’agissait de 7 hommes et 2 femmes, âgés en moyenne de 58 ans. Tous ces patients avaient une origine rurale. Trois patients étaient des agriculteurs et 6 patients avaient un contact avec les animaux. La consommation du lait cru était retrouvée dans 8 cas. Chez tous les patients, les plaintes articulaires inflammatoires étaient au premier plan, mimant un tableau articulaire rhumatismal ou métastatique. La spondylodiscite était la localisation ostéoarticulaire la plus fréquente, objectivée dans 5 cas. Une sacroiliite était diagnostiquée dans 3 cas et une oligoarthrite chronique du genou et de la cheville gauche était retrouvée dans le dernier cas. Sur le plan biologique, il y avait un syndrome inflammatoire biologique dans 7 cas, une anémie dans 3 cas et une leucopénie dans 2 cas. Le diagnostic de la brucellose était confirmé par une sérologie de Wright positive chez tous les patients. L’isolement des brucella était obtenu après culture du liquide articulaire chez le patient ayant l’atteinte articulaire périphérique. Une échographie abdominale révélait une hépatomégalie homogène dans un cas et une splénomégalie dans un autre cas. Une échographie cardiaque était faite chez 2 patients. Un scanner du rachis était fait dans 4 cas et une IRM rachidienne dans 5 cas montrant une spondylodiscite dans 5 cas. Une scintigraphie osseuse a été pratiquée chez 3 patients. L’IRM articulaire, réalisée dans un seul cas, objectivait un épanchement intra-articulaire de moyenne abondance touchant le genou et la cheville gauches, associé à une infiltration des parties molles. Elle montrait des anomalies du signal en hypo-T1, hyper-T2 au niveau de l’os sous chondral de la patella, des condyles fémoraux, du calcanéum, du talus et des os du tarse antérieur ainsi qu’une ténosynovite des tendons long et court fibulaire. Chez tous les patients, le traitement était médical par une association de la rifampicine et de la cycline. La durée totale du traitement était de de 5,9 mois en moyenne (53 jours–10 mois) pour les spondylodiscites brucelliennes, 10 mois pour l’atteinte articulaire périphérique, 4 mois (entre 2 et 6 mois) pour les sacroiliites. L’évolution était favorable dans tous les cas. Des séquelles articulaires étaient notées dans 2 cas.
Conclusion |
La forme ostéoarticulaire de la brucellose est fréquente. Elle touche essentiellement le rachis et les sacro-iliaques. La localisation articulaire périphérique est beaucoup plus rare et l’atteinte oligoarticulaire est exceptionnelle. Vu son polymorphisme clinique, la brucellose ostéoarticulaire reste un diagnostic à ne pas oublier devant toute plainte articulaire dans une zone d’endémie. La prévention primaire reste une mesure indispensable.
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Vol 90 - N° S1
P. A273-A274 - décembre 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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