Phénotypes cliniques et pronostiques associés aux anticorps anti-Ku déterminés par une analyse en clusters : une étude multicentrique de 154 patients - 30/11/23

Résumé |
Introduction |
Les autoanticorps anti-Ku sont rares et associés à d’autres autoanticorps qui font porter le diagnostic d’une ou plusieurs maladies auto-immunes. Une étude récente, incluant un nombre limité de patients, a identifié 2 groupes de patients porteurs d’anti-Ku : (i) un groupe avec des CPK élevées et un risque accru de pneumopathie interstitielle diffuse (PID) ; et (ii) un groupe avec des anti-DNA et un risque accru de glomérulonéphrite. Néanmoins, d’autres profils cliniques existent mais n’ont pas été décrits. L’objectif de cette étude était d’identifier des sous-groupes phénotypiques distincts parmi les patients porteurs d’anti-Ku en utilisant une analyse non supervisée en cluster hiérarchique au diagnostic, puis d’en étudier le pronostic évolutif au cours du suivi.
Patients et méthodes |
Nous avons conduit une étude multicentrique, rétrospective et observationnelle dans 10 hôpitaux. Les critères d’inclusion étaient la présence d’anti-Ku associés à une pathologie auto-immune ou inflammatoire. Les diagnostics étaient revus selon les critères de classification en vigueur. Nous avons effectué une analyse des correspondances multiples (ACM) en utilisant 19 variables clinicobiologiques, sans inclure les diagnostics retenus à l’inclusion, puis une classification ascendante hiérarchique. Afin d’étudier le pronostic de ces groupes, nous avons comparé leur risque d’évolution clinique, définie par la survenue d’une nouvelle atteinte d’organe et/ou par la prescription d’un nouvel immunosuppresseur. Nous avons également évalué l’apparition de nouvelles atteintes d’organes au cours du suivi.
Résultats |
Sur les 154 patients inclus, les diagnostics au début du suivi étaient : les myopathies idiopathiques inflammatoires (MII) (n=51/154, 33 %), le lupus systémique (n=46/154, 30 %), la maladie de Sjögren (n=30/154, 19 %), la sclérodermie systémique (SSc) (n=27/154, 18 %), la polyarthrite rhumatoïde (n=12/154, 7,8 %), suivis par des pneumopathies idiopathiques avec stigmates biologiques d’auto-immunité (IPAF) (n=8/154, 5,2 %), des syndromes des antiphospholipides (n=4/154, 2,6 %), des spondyloarthrites (n=2/154, 1,3 %) et des fibroses pulmonaires idiopathiques (FPI) (n=2/154, 1,3 %). L’ACM et la classification hiérarchique ascendante ont donné lieu à 3 groupes de patients : dans le groupe 1 (n=42/154, 27 %), les patients répondaient majoritairement aux critères de MII (n=35/42, 83 %) et/ou de SSc (n=17/42, 40 %) ; tous avaient une atteinte musculaire et 7 une myocardite ; dans le groupe 2 (n=69/154, 45 %), 74 % des patients avaient une PID. Il comprenait la proportion la plus faible de femmes (68 %), une prédominance de Sjögren (n=17/69, 25 %), 7 des 8 patients IPAF et les patients FPI ; dans le groupe 3 (n=43/154, 28 %), le diagnostic le plus fréquent était le lupus systémique (n=34/43, 79 %). Il comprenait les patients les plus jeunes (âge médian 25 ans), et la plus grande proportion d’Africains (58 %) et d’Asiatiques (16 %). Les groupes 2 (HR 0,53 [0,33–0,84]) et 3 (HR 0,42 [0,25–0,69]) avaient un risque moindre que le groupe 1 de développer une nouvelle atteinte d’organe et/ou de justifier d’un nouvel immunosuppresseur. Le groupe 1 développait plus souvent une atteinte pulmonaire au cours de suivi, le groupe 2 une atteinte musculaire et le groupe 3 un cortège plus varié d’atteintes.
Conclusion |
Notre étude met en évidence 3 sous-groupes distincts de patients au sein des malades avec des anti-Ku : les patients avec atteinte musculaire, les patients avec atteinte pulmonaire, et les patients lupiques. Leur pronostic était différent, plaidant pour un suivi personnalisé.
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Vol 90 - N° S1
P. A226-A227 - décembre 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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