Visage articulaire de la maladie de Behçet : expérience d’un service de rhumatologie - 30/11/23

Résumé |
Introduction |
La maladie de Behçet (MB) est une vascularite qui évolue par poussées et qui comporte des manifestations articulaires, cutanéo-muqueuses et viscérales sans parallélisme strict entre eux. L’atteinte articulaire occupe la 3ème place après l’atteinte cutanéo-muqueuse et oculaire. Elle peut être inaugurale de la maladie et peut précéder de plusieurs années les autres manifestations cliniques. Le but de ce travail était d’analyser les particularités épidémio-cliniques et en particulier les différents aspects des manifestations articulaires de la MB vue dans un service de rhumatologie.
Patients et méthodes |
Etude descriptive et rétrospective incluant des patients atteints de MB colligés dans un service de rhumatologie (Sfax, Tunisie) sur une période de 31 ans (janvier 1991–décembre 2022). Toutes les données épidémiologiques, cliniques, biologiques et thérapeutiques ont été recueillies.
Résultats |
Le nombre total de patients inclus dans l’étude était 58 patients. Il s’agissait de 36 hommes et 22 femmes faisant un sexe-ratio H/F de 1,63. L’âge moyen était de 35,5 ans avec des extrêmes allant de 16 à 55 ans. L’atteinte articulaire était notée chez 65,5 % des cas (n=38) et inaugurale de la maladie chez 48,3 % des cas (n=28). Les manifestations rhumatologiques signalées étaient à type de polyarthralgies inflammatoires chez 34,7 % des cas, de monoarthrite chez 28,8 % des cas et d’oligoarthrite chez 25 % des cas. Cette atteinte articulaire était chronique et récidivante dans 35 % des cas. Le genou et la cheville représentaient les articulations le plus fréquemment touchées (53 % et 48,5 % des cas, respectivement). L’atteinte des petites articulations des mains et des pieds n’a pas été observée ainsi que l’atteinte des hanches et des sacro-iliaques. L’atteinte cutanéomuqueuse à type d’aphtose buccale et/ou génitale récidivante était constante chez tous les patients. L’atteinte oculaire à type d’uvéite antérieure et/ou postérieure non granulomateuse était notée chez 22,4 % (n=13). L’atteinte vasculaire (thrombose veineuse récidivante) et l’atteinte neurologique étaient plus rares, signalées chez 13,8 % et 5,2 % des cas respectivement. Sur le plan biologique, un syndrome inflammatoire biologique était présent chez 22,4 % des cas et le typage HLA B51 était identifié dans un tiers des cas. Sur les radiographies standards des articulations douloureuses, l’absence d’érosions et de destructions articulaires était caractéristique. Sur le plan thérapeutique, tous nos patients ont bénéficié d’un traitement à base de colchicine à la dose de 1mg/j. Pour l’atteinte rhumatologique, nous avons indiqué des anti-inflammatoires non stéroïdiens pour la plupart des patients et une corticothérapie systémique à faible dose (dose moyenne de 5mg/j d’équivalent prednisone) pour 30 % des malades. Un immunosuppresseur à type de cyclophosphamide associé à une corticothérapie forte dose (1mg/kg/j) ont été indiqués chez 3 patients porteurs d’une atteinte viscérale sévère.
Conclusion |
Vu la fréquence de l’atteinte articulaire, la MB mérite d’être évoquée devant toute manifestation articulaire inaugurale survenant chez un sujet jeune. L’atteinte vasculaire, neurologique et oculaire (risque de cécité) font la gravité de la maladie. L’atteinte articulaire en elle-même est d’évolution le plus souvent bénigne (spontanément ou après traitement). Une arthrite destructrice engageant le pronostic fonctionnel était rarement rapportée.
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Vol 90 - N° S1
P. A205 - décembre 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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