La sélectine plaquettaire favorise la mort immunogénique des neutrophiles et participe à la physiopathogénie du lupus systémique - 30/11/23

Résumé |
Introduction |
Dans le lupus érythémateux systémique (LES) avec signe d’activité, les plaquettes sanguines présentent un phénotype activé [1 ], caractérisé par l’expression de la P-sélectine (CD62P) à leur surface. Nous avons récemment montré que les plaquettes des patients ayant un LES actif interagissent avec les lymphocytes T régulateurs circulants et inhibent leur fonctions immunosuppressives par l’axe P-selectine/CD15s [2 ]. Nos données préliminaires indiquent que les neutrophiles expriment de très fort taux de CD15s prédisant une interaction plaquette/neutrophiles. L’objectif de ce travail était d’évaluer les interactions plaquettes neutrophiles dans le lupus systémique et d’étudier leur impact sur le LES.
Patients et méthodes |
Des patients atteints de LES selon les critères ACR/EULAR 2019 étaient inclus pour réaliser une prélèvement sanguin veineux (n=30). Les patients étaient considérés actifs en cas de SLEDAI≥6. Les agrégats plaquette/neutrophile évalué en cytométrie étaient identifiés comme évènement CD61+ (plaquette)/CD66b+ (neutrophiles) sur sang total frais. L’imagerie en cellule unique du flux calcique et de la production de radicaux oxygénés (ROS) était réalisé en incubant les cellules avec un fluorophore sensible au calcium (cali-520) ou aux ROS mitochondriaux (MitoSox), puis en mesurant le signal à l’aide d’un microscope à épifluorescence inversé (Olympus IX70). Un million de neutrophiles de donneur sain était cultivé pendant 8h en présence ou non de P-sélectine, avant extraction de l’ARN total et étude par RNAseq. Enfin, l’impact de la P-sélectine sur la mortalité neutrophiles était évalué par marquage Annexine-V/7-AAD après culture pendant 16h en présence de P-sélectine (200ng/mL) et de sérum de patient LES (20 %).
Résultats |
Les agrégats plaquettes/neutrophiles étaient significativement augmentés chez les patients LES actifs par rapport aux LES inactifs et aux donneurs sains (p<0,001), et les agrégats plaquettes/neutrophiles corrélaient au SLEDAI (r=0,59, p<0,001). La P-sélectine induisait un signal calcique intracellulaire dans les neutrophiles humains, qui était inhibé par un anticorps bloquant l’interaction P-sélectine/CD15s ou par un inhibiteur de la kinase Syk. La P-sélectine induisait la production de ROS d’origine mitochondriaux, via l’interaction par le CD15s et Syk. L’étude en RNAseq montrait que la P-sélectine modulait l’expression de gène impliqués dans la mort cellulaire telle que la NETose et la ferroptose (FDR q-value<0,05). En effet, la P-sélectine augmentait la mort des neutrophiles en cas de culture avec du sérum de LES, mais pas avec du sérum de donneur sain. Chez les patients atteints de LES, la P-sélectine soluble et microparticulaire était augmentée lorsque la maladie était active, et leur taux corrélait à l’activité clinique (SLEDAI) et biologique (C3) de la maladie dans une analyse longitudinale de patient LES.
Discussion |
Les mécanismes de mort du neutrophiles sont actuellement en cours d’étude (NETose vs ferroptose). Le blocage de la P-sélectine par un anticorps monoclonal (crizanlizumab) pourrait impacter positivement l’activité du LES en modulant l’immunité innée (mort neutrophilique) et adaptative (fonction des T régulateurs). La mise en place d’un essai clinique preuve de concept est actuellement en cours d’étude en France.
Conclusion |
La sélectine plaquettaire favorise la mort immunogénique des neutrophiles dans le lupus systémique, ce qui participe aux phénomènes de dérégulation immunitaire.
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Vol 90 - N° S1
P. A202-A203 - décembre 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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