Utilisation des corticoïdes oraux au cours du lupus érythémateux systémique : étude en France entière dans le Système national des données de santé (LUPIN-F) - 30/11/23
Résumé |
Introduction |
L’épargne des corticoïdes oraux (CO) est un objectif majeur au cours du lupus érythémateux systémique (LES). Les données de vraie vie sur l’utilisation des CO dans des populations nationales font actuellement défaut. L’objectif de cette étude était d’analyser l’utilisation en vie réelle des CO chez les patients français atteints d’un LES, à partir des données médico-administratives du Système national des données de santé (SNDS).
Patients et méthodes |
Cette étude a utilisé le SNDS, qui contient les données pseudonymisées de plus de 66 millions de personnes. Les patients inclus dans l’étude étaient atteints d’un LES, identifiés par le code CIM-10 M32 (LES) documenté dans le cadre d’une affection de longue durée (ALD) et/ou au cours d’une hospitalisation, vivants au 1er janvier 2020. Les comorbidités du LES et les complications des CO ont été identifiées à l’aide d’algorithmes validés. Les traitements ont été identifiés par les délivrances de médicaments en pharmacie et les doses journalières de CO (exprimées en équivalent-prednisone) ont été calculées pour l’année 2019. Ces données ont été comparées à celles d’un groupe de témoins sans SLE issus de la population générale, appariés sur l’âge et le sexe.
Résultats |
Au total, 31 852 patients avec un LES (âge moyen 49,7 ans, 86,3 % de femmes, ancienneté de la maladie 7,1 ans) ont été inclus. Parmi ces patients, 48,2 % étaient traités par CO. La dose quotidienne moyenne de CO était inférieure à 5mg/j chez 35,8 %, comprise entre 5 et 7,5mg/j chez 6,4 % et supérieure à 7,5mg/j chez 6,0 %. L’utilisation de CO était significativement plus fréquente chez les femmes (p<0,0001) et diminuait avec l’âge (p<0,0001). Par ailleurs, 14,2 % des patients recevant 5 à 7,5mg/j de CO et 13,2 % de ceux recevant plus de 7,5mg/j n’étaient pas traités par antipaludéens, immunosuppresseurs ou traitement biologique pour leur LES. Les manifestations spécifiques du LES, notamment les atteintes rénales, l’atteinte cutanée, la polyarthrite, la pleurésie, étaient significativement plus fréquentes chez les patients ayant reçu des doses plus importantes de CO (p<0,0001 pour tous). Les complications des CO, notamment les maladies cardiovasculaires, les infections, l’ostéoporose et l’obésité, étaient significativement plus fréquentes chez les patients atteints de LES recevant≥5mg/j de CO (p<0,0001 pour tous). D’un point de vue sociétal, le coût annuel moyen global des consommations de soins en 2019 était de 5894€ pour les patients atteints de LES et de 2601€ pour les témoins appariés (p<0,0001). Parmi les patients atteints de LES, le coût augmentait de manière significative en fonction de la dose quotidienne de CO : 4477€ pour les patients sans CO, 6247€ pour une dose de CO<5mg/j, 9571€ pour CO de 5–7,5mg/j et 13 399€ pour CO≥7,5mg/j.
Conclusion |
À notre connaissance, il s’agit de la première étude nationale portant sur l’utilisation en vie réelle des CO chez les patients atteints de lupus érythémateux disséminé. La proportion de patients traités avec des doses élevées de CO≥7,5mg/j reste inacceptable et associée à une fréquence significativement accrue des principales complications liées aux CO et à une augmentation significative des coûts des soins de santé. Ces résultats soulignent la nécessité d’un contrôle rigoureux de l’activité de la maladie et de la mise en œuvre de stratégies robustes d’épargne de la corticothérapie au cours du lupus érythémateux systémique.
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Vol 90 - N° S1
P. A199-A200 - décembre 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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