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Pseudo-érysipèle secondaire à l’administration de Gemcitabine sans irradiation préalable : un diagnostic différentiel rare des dermohypodermites infectieuses - 28/11/23

Doi : 10.1016/j.revmed.2023.10.149 
L. Drouart 1, , M. Cabon 1, M. Gominet 1, W. Caré 2, M. Antoine 1, D. Andriamanantena 1, P.L. Conan 1
1 Maladies infectieuses et tropicales, hôpital d’Instruction des Armées Bégin, Saint-Mandé 
2 Médecine interne, hôpital d’Instruction des Armées Bégin, Saint-Mandé 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

La Gemcitabine est un analogue de la pyrimidine dont les effets secondaires cutanés sont protiformes et aspécifiques. Ici, nous rapportons le cas d’une pseudo-dermohypodermite secondaire à l’administration de Gemcitabine. C’est un effet indésirable rare, le plus souvent constaté lors d’une radiothérapie antérieure.

Observation

Il s’agit d’une patiente de 64 ans, en quatrième ligne de chimiothérapie par Gemcitabine pour un carcinome séreux de l’ovaire. Les chimiothérapies reçues par le passé comprenaient du Carboplatine, du Paclitaxel, du Bevacizumab et du Caelyx. Elle n’a jamais bénéficié de radiothérapie. Elle consultait une première fois pour une dermohypodermite fébrile du membre inférieur gauche apparue quatre jours après sa première cure de Gemcitabine. La biologie trouvait un syndrome inflammatoire (hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles 12000/mm3, CRP 120mg/L). Elle avait été traitée par Amoxicilline 75mg/kg/24heures pendant 7jours. L’évolution était favorable sur le plan général et local. Elle présente une réapparition des symptômes locaux et de la fièvre dix jours après la fin du traitement antibiotique, soit quatre jours après la deuxième cure de Gemcitabine. Une seconde antibiothérapie probabiliste est initiée par Clindamycine 1800mg/24heures. Un scanner du membre inférieur ne montre pas d’abcès ou d’ostéite sous-jacente mais un aspect inflammatoire des parties molles. L’évolution est favorable en quelques jours. Une deuxième récidive des symptômes a lieu deux jours après sa troisième cure de Gemcitabine, cette fois-ci de manière bilatérale mais prédominant sur le membre inférieur gauche. Devant ce nouvel épisode, une toxicité cutanée à la Gemcitabine est évoquée et il est décidé de ne pas introduire d’antibiothérapie. Finalement, l’évolution est favorable sans antibiothérapie, aussi bien sur le plan général que local. La Gemcitabine a été arrêtée et aucune récidive de la symptomatologie n’a été notée.

Discussion

Les cas de pseudo-dermohypodermites après administration de Gemcitabine sont rarement décrits et probablement sous-diagnostiqués. Il s’agit de manifestations différentes des dermatites de rappel post-radiothérapie. Distinguer un effet indésirable cutané de la Gemcitabine d’une infection cutanée est difficile compte-tenu de l’absence de documentation microbiologique dans la majorité des cas de dermohypodermites infectieuses. Les pseudo-dermohypodermites à la Gemcitabine se rencontrent le plus souvent en cas de lymphoedeme pré-existant et sans radiothérapie préalable. Elles apparaissent dans les 24–48heures après l’administration de la Gemcitabine et disparaissent spontanément en moins de 14jours. Il est supposé que le lymphoedème favorise l’accumulation locale de médicaments et une inactivation inadéquate des médicaments dans le tissu sous-cutané.

Conclusion

Le diagnostic de pseudo-dermohypodermite à la Gemcitabine doit être systématiquement évoqué, notamment lorsque la temporalité est évocatrice, comme dans notre cas. L’enjeu est ainsi d’éviter l’utilisation inutile d’antibiotiques.

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Vol 44 - N° S2

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