Toxidermies sévères sous lamotrigine avec ou sans association avec le valproate : analyse des données de la base française de pharmacovigilance - 18/11/23
Réseau Français des Centres Régionaux de Pharmacovigilance
FISARDRésumé |
Introduction |
Des toxidermies sévères (drug reaction with eosinophilia and systemic symptoms (DRESS), syndrome de Stevens Johnson (SSJ), nécrolyse épidermique toxique (NET)) survenant chez des patients traités par lamotrigine, notamment en association avec le valproate avec lequel il existe une interaction pharmacocinétique et justifiant d’une adaptation posologique, sont régulièrement rapportées en pharmacovigilance.
Matériel et méthodes |
Nous avons réalisé, à partir de la base nationale de pharmacovigilance, une analyse rétrospective des cas de SSJ/NET et de DRESS sous lamotrigine avec ou sans valproate associé. Ont été inclus : 1) tous les cas de DRESS et/ou SSJ/NET survenant sous l’association lamotrigine et valproate ; 2) les cas sans valproate où la lamotrigine était la plus suspecte. L’objectif principal était de décrire les cas de SSJ/NET et de DRESS survenant sous l’association lamotrigine et valproate. Les objectifs secondaires étaient de décrire les cas de SSJ/NET et de DRESS sous lamotrigine sans valproate et d’identifier les écarts par rapport aux recommandations dans les deux groupes.
Résultats |
Quarante deux cas de SSJ/NET et 24 cas de DRESS survenus sous association lamotrigine et valproate ont été analysés. L’âge médian des patients était de 24,5 ans pour les SSJ/NET et de 33,5 ans pour les DRESS, avec une prédominance féminine. L’indication de la lamotrigine était l’épilepsie dans 78 % des SSJ/NET et dans 58 % des DRESS. Dans tous les cas, la lamotrigine était ajoutée au valproate ou débutée en même temps et elle avait l’imputabilité la plus forte. Le délai de survenue médian par rapport à l’introduction de la lamotrigine était de 17jours pour les SSJ/NET et de 23jours pour les DRESS. On note un retard au diagnostic (non porté lors de la première consultation médicale) dans 1/3 des cas et un non-respect des recommandations de prescription dans 20 % des cas pour les SSJ/NET et 37,5 % pour les DRESS. 130 cas de SSJ/NET et 160 cas de DRESS survenus sous lamotrigine sans valproate ont été analysés. L’âge médian était de 35 ans pour les SSJ/NET et de 48 ans pour les DRESS avec une prédominance féminine. Le délai de survenue médian était de 21jours pour les SSJ, 15jours pour les NET et 28jours pour les DRESS. On note un non-respect des recommandations de prescriptions dans environ 1/3 des cas.
Discussion |
À notre connaissance, il s’agit de la plus grande série de SSJ/NET et DRESS sous lamotrigine avec ou sans valproate. Nous avons pu identifier des écarts par rapport aux recommandations de prescription dans les deux groupes, mais plus particulièrement dans les cas de DRESS survenus avec l’association des deux molécules, prescrite un peu plus souvent dans des indications psychiatriques que dans les cas de SSJ/NET. À noter que les indications psychiatriques sont plus récentes que l’indication épilepsie. Le plus jeune âge des patients avec association lamotrigine/valproate peut être lié aux différences d’indication selon l’âge (chez l’enfant, l’épilepsie de type absence est préférentiellement traitée par valproate). La principale limite de cette étude concerne le manque d’informativité de certains cas, ne permettant pas toujours d’en faire une analyse précise.
Conclusion |
Cette étude permet de mieux décrire les cas de toxidermies sévères survenant sous lamotrigine avec ou sans valproate, d’alerter une nouvelle fois les prescripteurs sur l’existence de ce risque et de rappeler les recommandations de prescription.
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Vol 3 - N° 8S1
P. A89-A90 - décembre 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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