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Prise en charge des lésions pigmentées suspectes à partir de photographies prises avec un smartphone par un médecin généraliste : évaluation de la concordance inter- et intra-télédermatologues - 18/11/23

Doi : 10.1016/j.fander.2023.09.019 
E. Démoulins 1, , H. Schmeltz 2, A. Gaultier 3, J.M. Nguyen 4, G. Quéreux 5, B. Dreno 6, L. Martin 7, C. Rat 2
1 Dermatologie, CHU d’Angers, Angers, France 
2 Nantes université (Présidence et Direction), Nantes, France 
3 Centre hospitalier universitaire de Nantes, Nantes, France 
4 Santé publique, hôpital Saint-Jacques, CHU de Nantes, Nantes, France 
5 Dermatologie, Hôtel-Dieu, CHU de Nantes, Nantes, France 
6 Dermatologie, Nantes université, UFR médecine et techniques médicales, Nantes, France 
7 Dermatologie, All Sims, CHU d’Angers, Angers, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

L’incidence du mélanome augmente dans le monde entier. L’efficacité du traitement est liée aux délais diagnostiques et thérapeutiques. Dans ce contexte, la télédermatologie (TD), en particulier la télé-expertise, est une technologie prometteuse, car elle est susceptible d’accélérer le processus de soins. Cependant, plusieurs études ont indiqué que l’efficacité et la fiabilité de cette pratique dans les cas de lésions cutanées pigmentées n’étaient pas prouvées et ont appelé à des travaux supplémentaires. L’objectif principal de cette étude était d’évaluer la concordance de prise en charge inter- et intra-évaluateur parmi les télédermatologues concernant le délai de consultation à proposer devant des photographies de lésions cutanées pigmentées suspectes prises avec un smartphone par un médecin généraliste (MG).

Matériel et méthodes

Nous avons analysé la concordance de la prise en charge entre différents télédermatologues ayant une expérience en TD. Les télédermatologues ont déterminé le délai de consultation à proposer à 110 patients présentant des lésions cutanées pigmentées suspectes visualisées en ligne sur la base de 241 photographies prises par des médecins généralistes dans un contexte réel. Les praticiens devaient choisir entre 4 possibilités de prise en charge : (1). Besoin urgent de consultation, (2). Besoin non urgent de consultation, (3). Pas de besoin de consultation, et (4). Impossible à évaluer : demande d’informations ou de photographies supplémentaires au médecin généraliste. Une discordance « majeure » a été définie comme suit : un télédermatologue a décidé que le patient avait besoin d’une consultation dans les 15 jours, tandis qu’un autre télédermatologue a décidé qu’il n’était pas nécessaire de voir le patient (« simple lettre au médecin traitant »). Nous avons effectué la même analyse deux ans plus tard pour évaluer la concordance intra-évaluateur.

Résultats

Cette étude a révélé une faible concordance entre les télédermatologues lorsqu’ils évaluent des photographies prises par un médecin généraliste à l’aide d’un smartphone. La concordance inter-juges était faible quelle que soit la modalité d’analyse utilisée. La concordance de gestion inter-télédermatologues 2 à 2 a révélé un faible kappa de Cohen (entre 0,11 et 0,43). La concordance globale était faible (kappa de Fleiss 0,24 en 2020 et 0,27 en 2022). Nous avons observé une discordance majeure concernant la prise en charge des soins pour 38 % des patients en 2020 et 25 % des patients en 2022. Ces résultats ont été confirmés par la seconde analyse en 2022. La concordance intra-évaluateur était également faible avec des kappas de Cohen bas (entre 0,37 et 0,465).

Discussion

Cette étude complète les résultats préliminaires que nous avions présentés en 2021 aux JDP. La faible concordance intra-évaluateur indique que la variabilité des prises en charge observée n’est pas liée à des habitudes de travail différentes selon les centres.

Conclusion

Cette étude s’inscrit dans la lignée d’études récentes appelant à la mise en garde concernant la télé-expertise pour la prise en charge des lésions cutanées pigmentées suspectes, sans dermoscopie, jusqu’à ce que des études supplémentaires aient été réalisées.

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Vol 3 - N° 8S1

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