Les kératodermies palmoplantaires héréditaires (KPPH) sont un groupe hétérogène de maladies monogéniques caractérisées par une hyperkératose palmoplantaire associée à des degrés variables d’inflammation et de fragilité épidermique. La douleur, d’origine multifactorielle (mécanique, inflammatoire, neuropathique, ischémique) est parfois au premier plan, à l’origine d’un retentissement fonctionnel souvent majeur (marche difficile voire impossible). Les traitements ciblés restent exceptionnels; l’acitretine, quand elle est indiquée, n’est souvent que partiellement efficace, de même que les différentes lignes d’antalgiques dont les effets secondaires sont parfois mal acceptés au long cours. Le caractère localisé de ces douleurs et leur pharmacorésistance nous ont amenés à proposer la TENS comme alternative thérapeutique non médicamenteuse à certains de nos patients:.

Étude descriptive rétrospective monocentrique des cas de KPPH adultes (diagnostic clinique et/ou moléculaire) douloureuses traités par TENS entre 03/2020 et 04/2023 après l’échec destraitements antalgiques conventionnels. L’appareil utilisé était un TENS Eco2 avec le programme « gate control » (80 Hz–150s ou 100 Hz–200 s) Les données recueillies dans le dossier de la consultation « douleur » étaient : démographie, phénotype/génotype de la KPP, comorbidités, type de la douleur, antalgiques essayés ou toujours en cours, échelle numérique d’évaluation de la douleur et pourcentage d’amélioration de la douleur avant et après TENS. La TENS était proposée à 11 patients (5 hommes et 6 femmes, âge moyen 47 ans) atteints de KPPH non syndromiques, non épidermolytiques, diffuse (1), focales (5) ou ponctiformes (5). Une composante neuropathique de la douleur (Questionnaire Douleur neuropathique DN4>5) était présente dans tous les cas;

On notait 4 abandons de traitement dès le premier mois malgré un test d’efficacité initial efficace: 1 pour cause d’inefficacité, 3 pour difficulté d’observance liée principalement aux contraintes vestimentaires imposées par le dispositif. 7 patients étaient toujours traités (durée de 3 à 24 mois) avec un pourcentage d’amélioration de la douleur moyen de 65% et une échelle numérique de douleur passant de 8/10 à 2-3/10, offrant ainsi aux patients une reprise de l’activité physique sans douleur (marche/station debout) de plusieurs heures par jour.

La neurostimulation électrique transcutanée est une technique d’analgésie non médicamenteuse particulièrement indiquée dans les douleurs neuropathiques périphériques localisées. Ses indications en dermatologie sont surtout les dermatoses prurigineuses.

Notre série de cas suggère pour la première fois une efficacité de cette technique – par ailleurs très bien tolérée – dans les douleurs de certaines KPPH pour lesquelles il n’existe ni traitement ciblé, ni traitement symptomatique efficace.