Candidose cutanéomuqueuse chronique et maladies auto-immunes associées à une mutation du gène STAT1 - 18/11/23
Résumé |
Introduction |
Le spectre clinique associé aux mutations du gène STAT1 n’est pas encore bien délimité. Nous rapportons un nouveau phénotype lié à une mutation STAT1 non encore décrite.
Observations |
Une enfant âgée de 8 ans, issue d’un mariage consanguin du 2ème degré, s’est présentée à notre consultation avec des lésions érythémateuses du visage évoluant depuis 2 ans. L’examen a révélé un gros nez érythémato-squameux infiltré associé à des plaques kératosiques des pommettes, une chéilite et un aspect leucokératosique du dos de la langue. Le diagnostic de lupus érythémateux était évoqué, mais rapidement écarté devant la négativité de l’examen en immunofluorescence directe et l’absence de signes histologiques évocateurs. L’examen histopathologique a révélé toutefois la présence de nombreuses spores et des filaments au niveau épidermique. Un examen mycologique direct était alors réalisé au niveau de la muqueuse buccale et au niveau cutané, confirmant la présence anormalement abondante de spores et de pseudofilaments, dont la culture correspondait à Candida albicans. Une candidose œsophagienne était aussi diagnostiquée, ainsi qu’un intertrigo rétro-auriculaire candidosique. Les explorations biologiques à la recherche d’un déficit immunitaire et de maladies auto-immunes étaient sans anomalie. Le diagnostic d’une candidose cutanéomuqueuse chronique (CCMC) liée à une mutation du gène STAT1 a été évoqué et confirmé par une étude moléculaire. Celle-ci a révélé une nouvelle mutation hétérozygote du gène STAT1 (L163R), de type gain de fonction, absente chez les parents et la sœur, cliniquement sains. Le dosage de l’interleukine 17 (IL17) plasmatique chez la patiente était abaissé in vitro mais normal ex vivo. La patiente a été traitée par des antifongiques topiques et systémiques avec un suivi régulier bi-annuel. À l’âge de 20 ans, la patiente avait développé un vitiligo acral et facial et une thyroïdite auto-immune. Le diagnostic de syndrome APECED n’a pas été retenu devant l’absence de mutation du gène AIRE.
Discussion |
Le spectre clinique de la mutation STAT1 associe plusieurs types d’infections fongiques, virales et bactériennes et des manifestations auto-immunes, dont les endocrinopathies. Ainsi, la thyroïdite auto-immune de patiente serait liée à sa mutation STAT1. De même, le vitiligo serait une autre manifestation auto-immune associée à la mutation STAT1, quoiqu’il n’ait pas été rapporté auparavant dans la littérature. L’absence de mutation chez les parents suggère sa survenue de novo chez notre patiente. Les sujets atteints ont habituellement un taux très bas d’IL-17 à la fois ex vivo et in vitro, ce qui n’était pas le cas chez notre patiente, où le taux ex vivo était normal, suggérant la présence de mécanismes compensatoires tel que l’âge et le nombre d’épisodes infectieux. Notre observation illustre donc un nouveau phénotype de la mutation du gène STAT1, caractérisé par l’association d’une CCMC à une thyroïdite auto-immune et à un vitiligo.
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Vol 3 - N° 8S1
P. A287-A288 - décembre 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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