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Le dégoût de soi chez les patients en dermatologie - 18/11/23

Doi : 10.1016/j.fander.2023.09.442 
I. Ouadi 1, , L. Elyamani 1, M. Benkaraache 1, N. Zizi 2, S. Dikhaye 2
1 Service de dermatologie, vénérologie et allergologie, C.H.U Mohammed VI, Oujda, Maroc 
2 Service de dermatologie, vénérologie et allergologie, laboratoire d’épidémiologie, de recherche, C.H.U Mohammed VI, Oujda, Maroc 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Les dermatoses chroniques sont souvent source d’une grande détresse psychologique chez les patients qui en souffrent, en effet, le caractère externe de la peau ainsi que la multitude des lésions dermatologiques, tels que les bulles, les squames et les croûtes, peuvent générer des sentiments tels que de la honte et du dégoût. Malgré la prépondérance de ces sentiments chez les patients en dermatologie, très peu d’études existent sur ce sujet, ainsi nous avons visé à évaluer les sentiments de dégoût de soi chez nos patients, et de caractériser celles à l’origine d’une grande détresse.

Matériel et méthodes

C’est une étude transversale menée dans notre service de dermatologie, incluant des patients souffrant de dermatoses chroniques qui ont répondu à des questions globales ainsi qu’au « Questionnaire pour l’évaluation du dégoût de soi »

Résultats

Nous avons recensé 54 patients, la moyenne d’âge était 47,8 ans±4,3 et le sex-ratio H/F était 1,21 ; 68,6 % des patients étaient mariés, 15,7% étaient célibataires, 5,6 % veuf et 3,24 % divorcés. 56,01 % des patients étaient sans profession. La durée moyenne d’évolution des symptômes était de 5 ans. Les dermatoses les plus représentées étaient: le pemphigus (57,8 %), le psoriasis (33,1 %), la pemphigoïde bulleuse (25,4 %) et l’hidrosadénite suppurée (9,1 %). Le score moyen l’évaluation du dégoût était de 47,9 : en effet lors des poussées de leur maladie, 74,3 % des patients admettaient se sentir repoussant et physiquement répugnant, les facteurs en cause de dégoût était : l’aspect sale et bizarre des lésions (89,6 %), l’odeur nauséabonde (79,3 %), les écoulements suintants et purulents (62,1 %) et les écoulements de sang (43,6 %). Par conséquent, 69,2 %, avaient honte de leur apparence, 53,8 % des patients refusaient de se regarder dans le miroir lors des poussées, et se couvraient de vêtements longs pour éviter de voir l’état de leur peau (51,5 %), 44,3 % des patients évitaient le contact avec autrui de peur du jugement des autres, à l’origine de sentiments d’anxiété et de dépression chez 59,8 % des patients.

Discussion

La peau est l’organe de l’expression, ainsi, toute maladie touchant son apparence peut entraîner des troubles psychosociaux sous forme de sentiments de honte, de dégoût de soi et d’isolement de crainte du regard des autres. Plusieurs études ont évalué le sentiment de stigmatisation des patients atteints de dermatoses chroniques, néanmoins ces études se focalisent sur la perception du patient et de son entourage par rapport à la dermatose. Cependant, très peu d’études évaluent les sentiments du patient vis-à-vis de lui-même, ainsi, nos résultats montrent que le dégoût de soi est fortement présent; cette image corporelle négative pourrait donc aboutir à une perte d’intimité dans les relations de couple, le manque de confiance en soi, voire même le développement de troubles anxio-dépressifs. En effet, une étude portant sur des patients atteints de psoriasis a révélé que 40 % ont perdu leur estime de soi, résultant en une diminution de l’activité sexuelle, avec augmentation des troubles dépressifs par rapport aux sujets témoins.

Conclusion

Nos résultats soulignent la nécessité d’une meilleure éducation des patients par rapport à leur dermatose, ainsi qu’un soutien psychologique des patients souffrant d’une mauvaise image de soi.

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Vol 3 - N° 8S1

P. A279 - décembre 2023 Retour au numéro
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