Blépharite récurrente révélant un lichen oculaire isolé - 18/11/23
Résumé |
Introduction |
Le lichen plan (LP) est une maladie auto-immune qui affecte principalement la peau et les muqueuses. Sa prévalence globale varie de 0,1 % à 4 % de la population mondiale. Le lichen plan muqueux affecte par ordre décroissant la muqueuse buccale, suivie de la muqueuse génitale, de l’œsophage et du nasopharynx. L’atteinte oculaire est relativement rare, rapportée principalement dans des cas isolés, avec une présentation clinique non spécifique pouvant être à l’origine d’un retard diagnostique, causant ainsi des altérations chroniques et irréversibles de l’intégrité de la surface oculaire et entraînant une morbidité significative. Nous rapportons le cas d’un lichen oculaire révélé par une blépharite chronique.
Observations |
Une patiente âgée de 88 ans aux antécédents de diabète et d’hypertension artérielle, opérée il y a 6 ans pour une cataracte bilatérale, a été admise pour des lésions oculaires avec diminution de l’acuité visuelle évoluant depuis 5 ans, traitées par des collyres de corticoïdes et de cyclines.
L’examen clinique a révélé une rougeur oculaire avec hyperhémie conjonctivale bilatérale, une blépharite intense avec des symblépharons bilatéraux, une épithéliopathie et une néovascularisation cornéenne de l’œil droit, ainsi qu’un comblement des culs-de-sac conjonctivaux de l’œil gauche. L’acuité visuelle était de 2/5 à l’œil droit et de 3/5 à l’œil gauche. Le reste de l’examen dermatologique a révélé une chéilite actinique sans atteinte cutanée, muqueuse ou phanérienne.
Une biopsie conjonctivale a été réalisée et a montré un infiltrat lymphocytaire avec des réorganisations fibreuses et hémorragiques compatibles avec un lichen plan oculaire. Une immunofluorescence indirecte avec recherche d’anticorps anti-membrane basale était négative. Le diagnostic de lichen oculaire a été retenu, et la patiente a été mise sous ciclosporine topique à 2 %.
Discussion |
Notre observation illustre une localisation oculaire isolée de lichen plan chez une patiente de 88 ans. Le lichen plan oculaire est une maladie rare caractérisée par des altérations chroniques et irréversibles de l’intégrité de la surface oculaire, entraînant une morbidité significative. Plusieurs aspects cliniques ont été décrits depuis la première description en 1904, dont la conjonctivite, la kératite, la blépharite récurrente, le symblépharon, le syndrome de l’œil sec et l’obstruction du canal lacrymal. Ces aspects ne sont pas spécifiques et nécessitent une corrélation anatomoclinique et l’exclusion des diagnostics différentiels, c’est-à-dire la pemphigoïde cicatricielle.
Le lichen oculaire est le plus souvent associé à une atteinte muqueuse ou cutanée facilitant le diagnostic mais dans de rares cas comme celui de notre patiente, les lésions oculaires sont isolées et constituent alors une difficulté diagnostique. De nombreux traitements sont proposés tels que la corticothérapie et la ciclosporine topique, le plasma riche en plaquette ainsi que la chirurgie avec des résultats variables.
Le lichen oculaire est une entité rare, souvent sous-diagnostiquée, nécessitant une collaboration étroite entre dermatologues et ophtalmologues afin de poser un diagnostic précoce et d’éviter des séquelles irréversibles.
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Vol 3 - N° 8S1
P. A250 - décembre 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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