Un eczéma allergique de contact (EAC) peut prendre une forme œdémateuse. Nous rapportons un cas d’EAC au PEG-22/dodécyl glycol copolymère et PEG-45/dodécyl glycol copolymère contenu dans 2 crèmes cicatrisantes de la même gamme.

Une femme de 27 ans sans antécédent d’allergie ou d’atopie présentait, 15jours après une chirurgie d’hallux valgus, des vésicules du pied en regard de la cicatrice où elle appliquait une solution antiseptique associant digluconate de chlorhexidine, alcool benzylique et chlorure de benzalkonium (Biseptine®) et une crème réparatrice protectrice Cicalfate+® (Avène). Pour suspicion de zona du pied, elle recevait un traitement par valaciclovir en poursuivant les applications de topiques. Six jours plus tard, apparaissait un œdème érythémateux et prurigineux du visage, motivant une hospitalisation pour suspicion de cellulite, récusée au profit d’un angio-œdème histaminique au valaciclovir traité par corticothérapie générale. Quelques semaines plus tard, des vésiculo-bulles prurigineuses des mains survenaient après l’application de Cicalfate crème mains® (Avène). Devant la sévérité de la réaction initiale, les tests semi-ouverts ont été réalisés et étaient positifs ++ à 48h avec Cicalfate+® et Cicalfate crème mains®, confirmant l’EAC sur le site d’application initial associé à une eczéma oedémateux manuporté du visage. Les batteries standard européennes, cosmétiques (contenant l’ensemble des ingrédients contenus dans la Biseptine®) et un test d’applications répétées (ROAT) à la Biseptine® étaient négatifs. Les tests avec les ingrédients fournis par la firme objectivaient une positivité du patch test (PT) ++ à j2 et j4 pour PEG22 dodécyl glycol copolymère contenu dans la crème Cicalfate+® et une positivité franche à j5 en ROAT après PT douteux pour PEG45 dodécyl glycol copolymère contenu dans la crème Cicalfate mains®.

Les copolymères sont largement utilisés dans les cosmétiques, de par leurs nombreuses propriétés. Leur capacité de sensibilisation est probablement sous-estimée compte tenu de leur haut poids moléculaire et de la nature exacte de l’haptène inconnue. Nous soulignons que les PEG 22 et 45 peuvent induire des réactions croisées et, à notre connaissance, il n’existe qu’un seul cas similaire décrit dans la littérature.

L’EAC aigu sous une forme œdémateuse est rare, souvent pris à tort pour un angio-œdème. Devant une suspicion d’EAC, il est primordial de tester les produits personnels topiques suspects, en plus des batteries d’allergènes standardisées, restées toutes négatives dans notre cas. En cas de positivité des produits personnels topiques, tester les ingrédients peut permettre d’identifier de nouveaux allergènes et orienter les évictions.